lundi 24 décembre 2012

HORAIRE CÉLÉBRATIONS DE NOËL 2012 ET DU JOUR DE L’AN 2013




HORAIRE  CÉLÉBRATIONS DE NOËL 2012 ET DU JOUR DE L’AN 2013

                                  Sainte-Madeleine                                         Saint-François-Xavier
Lundi 24 décembre       20 h et 22 h 21 h 30
Mardi 25 décembre       9 h 30 PAS DE MESSE
Mardi 1er janvier           9 h 30 PAS DE MESSE

24 et 25 décembre 2012: LA NATIVITÉ DU SEIGNEUR (Noël)


Lc 2,1-14
A.B.C. Nuit de Noël

(Traduction officielle de la Liturgie)



Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Naissance de Jésus et visite des bergers

En ces jours-là, parut un édit de l’empereur Auguste, ordonnant de recenser toute la terre. - Ce premier recensement eut lieu lorsque Quirinius était gouverneur de Syrie. - Et chacun allait se faire inscrire dans sa ville d’origine.

Joseph, lui aussi, quitta la ville de Nazareth en Galilée, pour monter en Judée, à la ville de David appelée Bethléem, car il était de la maison et de la descendance de David. Il venait se faire inscrire avec Marie, son épouse, qui était enceinte. Or, pendant qu’ils étaient là, arrivèrent les jours où elle devait enfanter. Et elle mit au monde son fils premier-né; elle l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire, car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune.

Dans les environs se trouvaient des bergers qui passaient la nuit dans les champs pour garder leurs troupeaux. L’Ange du Seigneur s’approcha, et la gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière. Ils furent saisis d’une grande crainte, mais l’ange leur dit: "Ne craignez pas, car voici que je viens vous annoncer une bonne nouvelle, une grande joie pour tout le peuple: Aujourd’hui vous est né un Sauveur, dans la ville de David. Il est le Messie, le Seigneur. Et voilà le signe qui vous est donnée: vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire." Et soudain, il y eut avec l ’ange une troupe céleste innombrable, qui louait Dieu en disant:
"Gloire à Dieu au plus haut des cieux,
et paix sur la terre aux hommes qu’il aime."


Homélie
Faire l’expérience de Dieu

1. L’expérience de Dieu n’est pas nécessairement quelque chose de sensationnel, qui sorte de l’ordinaire. Il y a sans doute une expérience de Dieu qui diffère de la plupart des expériences auxquelles nous sommes habitués; il y a le silence profond, l’obscurité rayonnante, le vide comblant.

Il y a des éclairs d’éternité et d’infini, soudains et inexplicables, qui nous rejoignent d ’une façon inattendue, au beau milieu de nos occupations.

Ajoutons qu’en présence de la Beauté et de l’Amour, nous avons l’impression d’ê tre transportés hors de nous-mêmes. Il est rare que nous considérions ces expériences comme sensationnelles ou extraordinaires. Nous ne reconnaissons pas leur véritable nature et nous poursuivons notre recherche de la grande expérience de Dieu qui viendra transformer nos vies.

2. Il faut vraiment si peu pour faire l’expérience de Dieu. Il suffit de trouver le calme et de devenir conscient des sensations de sa main... Eh bien oui! Là se trouve Dieu, vivant, oeuvrant en nous, nous touchant, intensément près de nous. C’est faire l’ expérience de Dieu...

On considère cette expérience comme trop terre à terre.
Faire l’expérience de Dieu, c’est certainement beaucoup plus que percevoir les sensations de sa main, droite ou gauche.

On ressemble aux Juifs qui scrutaient l’avenir dans l’attente d’un Messie glorieux, sensationnel...., alors que le Messie était auprès d’eux, sous les formes d’un enfant appelé Jésus.

Nous oublions trop facilement qu’une des grandes leçons de l’Incarnation (Dieu qui prend chair au milieu de nous), c’est que Dieu se trouve dans l’ordinaire.

Vous désirez voir Dieu?
Écoutez le cri d’un enfant, un rire sonore dans une fête, le bruissement des arbres sous le vent.
Vous voulez sentir Dieu?

Tendez la main à quelqu’un ou tout simplement calmez-vous, prenez conscience de la Toute-Puissance de Dieu à l’oeuvre en vous et à quel point Il est près de vous...Emmanuel - Dieu avec nous.

3. Comme l’Enfant-Jésus de la crèche, c’est Dieu avec nous. Comme tout enfant, c’est Dieu avec nous.
Dieu est l’infini et pourtant Il vient à nous dans le fini, dans le monde!

Pourquoi chercher ailleurs Celui qui est près de nous?

Pourquoi vouloir trouver dans les nues Celui qui se fait petit dans une Parole, dans un Morceau de Pain?
Dieu est avec nous. C’est pour y demeurer, y rester.
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(Histoire: blague religieuse)

Un peu d’humour en passant:

Prières d’enfant:

- "Mon Dieu, SVP envoie-moi un poney. Je ne t'ai jamais rien demandé avant. Tu peux vérifier." (Sébastien, 5 ans).

- "Mon Dieu, si Tu me donnes une lampe Aladin avec le génie, je vais te donner tout ce que tu veux, excepté mon argent et mon ordinateur." (Dustin, 7 ans).

- "Mon Dieu, peut-être que Caïn et Abel ne se seraient pas chicanés s'ils avaient eu chacun leur chambre ; ça marche pour mon frère et moi." (Olivier, 5 ans).

- "Mon Dieu, ne t'en fais pas pour moi. Je regarde toujours des deux côtés quand je traverse la rue." (Jonathan, 7 ans).

- "Mon Dieu, je pense que l'ordinateur est une de tes plus grandes inventions." (Suzanne, 6 ans).

- "Mon Dieu, je ne croyais pas que la couleur orange allait bien avec du mauve mais j'ai vu ton coucher de soleil, jeudi dernier. C'était super ! (Elisabeth, 7 ans).

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Jour de Noël:15. Noël est la fête de notre rajeunissement.

À Noël, nous célébrons la naissance d'un enfant né il y a plus de deux mille ans. Quand nous célébrons notre propre anniversaire, nous nous rappelons que nous devenons plus vieux. Chaque année, il y a une bougie de plus sur le gâteau d'anniversaire. Mais, à Noël, nous ne célé brons pas un Jésus qui aurait pris de l'âge. Nous nous réjouissons de ce que Dieu vient dans nos vies comme un enfant, un enfant tout juste né, à l'aube de sa vie. L'image traditionnelle de Dieu est celle d'un vieil homme aux cheveux blancs. Mais à Noël, nous nous rappelons l'éternelle jeunesse de Dieu. Saint Augustin a écrit que, si nous, nous vieillissons, Dieu est toujours plus jeune que nous. La joie de Noël, c'est que nous sommes invités, nous aussi, à partager la jeunesse de Dieu. Comme le dit l'évangile du jour de Noël: « À ceux qui l'ont accueilli, il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu » (Jn 1,12). Noël est la fête de notre rajeunissement. Aurions-nous à devenir infantiles, ou bien à chercher une jeunesse artificielle parce que nous avons peur de mourir?Être un enfant, c'est être ouvert aux infinies possibilités de l'avenir. Le monde d'un enfant n'est pas fixé , ni figé.


Histoire (extraite de « Paraboles d'un curé de campagne » de Pierre Trevet, tome II)22. 

Le passionné des fourmis 

Un scientifique raconte son témoignage. En plus de son travail dans la recherche, il est passionné par l'observation des fourmis. Un jour d'été, alors qu'il fait une balade en forêt, son attention est attirée par une magnifique fourmilière. Il s'approche. Le soleil projette son ombre sur les fourmis. Et lui, qui a l'habitude de les observer, constate la panique. Elles se mettent à bouger dans tous les sens, à se mettre aux abris. Elles ont peur de cette ombre. Et lui-même se dit: « C'est tout de même dommage! Je les effraie alors que je ne leur veux que du bien! J'aime ces fourmis et je leur fais peur!... » Et il s'éloigne tout en continuant sa réflexion, en bon scientifique qui a toujours l'esprit en mouvement. Il se dit: « Que pourrais-je faire pour ne plus leur faire peur? Il n'y aurait qu'une seule solution: c'est que je devienne moi-mê me fourmi, que je parle leur langage pour que je puisse leur dire: "Cette ombre qui vous fait peur, vous n'en avez rien à craindre. Elle ne vous veut que du bien. Ayez confiance. Vous pouvez même compter sur sa protection, sur son aide. " Oui, mais ça... c'est du rêve. Cela ne peut pas arriver. Un homme ne peut pas devenir fourmi. »Et subitement, il a un flash, une illumination. Il se dit: « Ce que moi, je ne peux pas faire, Dieu lui l'a fait! »Il y a plus de différence encore entre Dieu et l'homme qu'entre un homme et une fourmi. Et pourtant Dieu si grand, au-delà de l'univers qu'il a créé, bien plus grand que toutes les galaxies, le cosmos, s'est fait petit bébé de trois kilos pour nous dire: « Celui qui est à l'origine de l'univers, ce n'est pas Jupiter, ce n'est pas un esprit génial mais effrayant, c'est un Dieu qui ne connaît que l'amour. Pour que vous n'ayez pas peur de lui, il s'est fait petit bébé. Il veut qu'on l'approche comme on approche un agneau. »

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Réflexion venant de « Paraboles d'un curé de campagne » de Pierre Trevet, tome II, p. 56.

(Lorsque quelqu'un est né , une nouvelle personne a vu le jour, unique, irremplaçable. (Selon la foi chrétienne), pour Jésus, neuf mois avant Noël, il n'y a pas création d'une nouvelle personne. C'est une personne qui existe de toute éternité qui prend chair dans notre humanité. La deuxième Personne de la Trinité, égale au Père et au Saint-Esprit, se rend visible. Jésus est la seule personne qui existe avant sa maman. Si vous ne croyez pas cela, nous resterons bons amis, mais vous n'êtes pas chrétiens.


Incarnation   Dieu « Tout-Autre », « Tout-Nôtre » (histoire extraite de « Paraboles d'un curé de campagne » de Pierre Trevet, tome II p. 45 no 20)


C’était avant le concile Vatican II, à une époque où le catéchisme consistait en une série de questions-réponses à apprendre et à réciter par cœur. Qui est Dieu? Où est Dieu? Que fait Dieu ?…
Dans cette paroisse, c’est le dimanche de la fête patronale. On a aménagé un bel autel en plein air sur le podium où, l’après-midi, se produiront les enfants qui ont passé des semaines à préparer des danses, des petits sketches, et des morceaux de musique. Mais avant le divertissement… la prière! M. le curé célèbre la messe. Quatre enfants de chœur l’assistent. Soudain, une petite bourrasque de vent se lève qui emporte l’hostie consacré et la fait tomber quelque part sur l’estrade. Ne voyant pas où elle est tombée, le prêtre se tourne vers l’enfant de chœur et lui dit : « Où est le Bon Dieu? »  Et l’enfant, croyant à une question de catéchisme par surprise, lui répond : « Dieu est au ciel, sur terre, et en tous lieux. » Le prêtre l’interrompt et lui dit : « Pas celui-là! L’autre! »

C’était probablement sous le coup de l’émotion que lui était venue cette expression, pour le moins maladroite. Et pourtant, aussi incroyable que cela puisse paraître, le Créateur de l’univers est bien celui qui se met à notre portée pour nous hisser à son niveau. Que Dieu soit « tout autre » au-delà de tout, nous l’admettons. Que Dieu soit « tout-nôtre », au-dedans de tout, nous l’admettons. Mais que Dieu soit précisément ici, que l’Au-delà de tout soit au plus près de nous, voilà qui est proprement incompréhensible! Nous avons de la difficulté à l’admettre. Dans le langage théologique, cela s’appelle l’ « Incarnation ». Dans l’Évangile cela se nomme : « Emmanuel, Dieu avec nous . » Dans la langue de tous les jours, cela où l’on se fatigue, où l’on vit et où l’ on meurt, dans la langue des Galiléens, des pieds dans la vase, et des étonnés du soleil levant, cela s’appelle : « Jésus, mon maître et mon ami, mon frère et mon Dieu. »

Réflexion (inspirée de « Un chemin vers Dieu » de Anthony de Mello, dans le septième exercice intitulé « Communiquer avec Dieu par la respiration »-



Prenons conscience de notre respiration pendant quelque temps...- Prenons conscience de la présence de Dieu dans l'atmosphère qui nous entoure...
- Prenons conscience à sa présence dans l'air que nous respirons, que nous aspirons et expirons (n'est-ce pas Dieu qui nous soutient dans l'existence)...
- Observons ce que nous ressentons lorsque nous devenons conscients de sa présence dans l'air que nous aspirons et expirons...
- Exprimons-nous à Dieu sans parole; exprimons-lui divers sentiments, par notre respiration...
- Exprimons un grand désir de Dieu: « Mon Dieu, je soupire après vous... » par notre seule manière de respirer...
- Exprimons à Dieu un sentiment de confiance, d'abandon: « Mon Dieu, je m'abandonne entièrement à vous... »; sentons-nous entièrement livrés dans les mains de Dieu...
- Exprimons à Jésus, le Fils de Dieu, qui est né  parmi nous, qui a pris chair en nous, une attitude de proximité, d'intimité, d'adoration, de gratitude, de louange...


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Réflexion: (extraite de « Suivre Jésus Aujourd'hui » d'Albert Nolan, Novalis, Cerf, 2009, pp. 177ss)



« Mystère »: c'est le mot qui a toujours été employé pour parler de Dieu... Nous savons qu'il est, bien que nous ne sachions pas ce qu'il est...

la science nous a ramenés à la réalité du mystère... notre connaissance humaine est limitée... l'univers demeurera pour nous un gigantesque mystère et nous demeurerons nous-mêmes une part de ce mystère... La réaction appropriée au mystère, de quelque nature qu'il soit, est l'émerveillement... Nous avons vu combien les enfants peuvent être fascinés par les merveilles et les choses admirables qu'ils rencontrent... Quelque part au coeur de la spiritualité de Jésus se trouve la conscience de Dieu comme proche, très proche. Son recours au terme familier abba implique que Dieu était inhabituellement proche... Le mystère de Dieu est au milieu de nous... Jésus savait reconnaître la présence de Dieu dans l'ici-maintenant, dans le moment présent... 
Le fait que Dieu soit proche de chacun, peu importe qui nous sommes ou ce que nous sommes, est fondamental dans l'enseignement des mystiques (amis intimes de Dieu). Les mystiques soufis ou musulmans disent: « Dieu est plus près de moi que ma veine jugulaire. » (veine du cou) . Maître Eckhart (grand sage chrétien) dit, en écho au mot de saint Augustin dans ses célèbres Confessions : « Dieu m'est plus proche que je le suis à moi-même. Mon être dépend de ce que Dieu est proche de moi et qu'il m'est présent... Dieu est près de nous, mais nous sommes loin de lui. Dieu est dedans et nous sommes dehors. Dieu est chez nous et nous sommes à l'étranger. » Dieu est toujours tout près de nous, pas seulement quand notre vie est bonne, aimante ou sainte. Il est proche de nous même quand nous ne croyons pas en lui ou quand nous l'ignorons... 
Dieu n'est pas seulement plus proche de moi que je le suis de moi-même. Il ne fait qu'un avec moi et avec vous...Que faire alors de l'expérience de Jésus de ne faire qu'un avec Dieu? Ce que ses disciples et ses amis ont trouvé de si extraordinaire à son sujet, ce n'était pas seulement qu'il appelait Dieu son abba, mais que Jésus s'identifiait lui-même à Dieu... Jésus s'est identifié à un Dieu humble, plein de compassion, aimant et serviteur et il a eu suffisamment d'audace et de confiance pour parler et agir comme cette sorte de divinité , sans réserves...Ce dont nous avons besoin, c'est de devenir plus profondément conscients du fait que nous ne faisons qu'un avec Dieu...La conviction fondamentale de Jésus n'était pas seulement que Dieu est près de nous, mais aussi qu'il nous aime. Comme nous le voyons, l'amour inconditionnel de Dieu est au fondement de la spiritualité de Jésus... Puis-je être aimé par un mystère, par le mystère?
Si le mystère de Dieu est plus proche de moi que je le suis de moi-même et si, en un sens profond, nous sommes un, alors que pourrais-je craindre? Je serai objet de sollicitude en tout temps et en toute circonstance... 
L'image que Jésus se faisait de Dieu était carrément personnelle. Dieu était pour lui son abba Père. La longue tradition juive dans laquelle Jésus s'inscrivait avait toujours considéré Dieu comme une personne. Jésus n'a pas fait que prolonger cette pratique, il l'a soulignée et approfondie. Son Dieu était une personne infiniment aimante et intime...
La grande difficulté avec un Dieu personnel qui est amour, cependant, c'est ce que nous appelons le problème du mal...
Il est important de se rappeler que nous parlons ici d'un mystère. Par définition, un mystère est inconnaissable. Nous ne pouvons comprendre un mystère, ou le mystère. Il est au-delà de notre compréhension humaine très limitée. Quand les physiciens quantiques observent le comportement des « particules » dans l'univers subatomique, ils sont confrontés à une réalité mystérieuse qui contredit les lois de la nature observées ailleurs dans l'univers. Cela signifie simplement que ce qui se passe dans le monde subatomique est au-delà de notre compréhension humaine. Tout ce que nous pouvons dire de Dieu et de la souffrance intolérable ou du mal atroce qui nous engloutit est que nous ne pouvons pas le comprendre... « ...la connaissance du bien et du mal appartient à Dieu et non à nous » selon le livre de la Genèse...



Témoignages: (extrait de « Ils revinrent tout joyeux » de Thomas Brenti, éd. Béatitudes 2010)

Quatre-vingt mille pesetas le soir de Noël

Le centre de la Caritas à Madrid. Veille de Noël. Un grand nombre de personnes est là, dehors. Ils ont besoin d'aide. On les connaît tous. C'est nous qui leur avons promis une surprise ce soir.Mais nous n'avons rien. Les dons prévus ne sont pas arrivés. Nous n'avons même pas eu de quoi faire un petit cadeau à chacun. Et le plus triste de tout est qu'il nous faut en plus le leur annoncer: « C'est Noël, mon frère, on n'a rien à te donner; que Dieu te garde! »
Dans le bureau: les volontaires et moi-même.

Nous ne pouvons retenir nos larmes. Dehors, c'est l'allégresse de ceux qui s'attendent à recevoir quelque chose. On entend les rires des enfants et les boutades des adultes, un bruit qui témoigne de l'espérance de celui qui croit qu'on lui donner quelque chose. Nous ne savons que faire. Comment renvoyer ces gens les mains vides? Nous tirons de nos poches nos propres porte-monnaie... à peine de quoi acheter trois ou quatre babioles. Nous n'osons même pas ouvrir la porte. Qui va annoncer aux gens que cette année il n'y a rien du tout, qu'ils sont venus pour rien? Nous nous disons alors: « On va prier et que Dieu nous aide! » Main dans la main, nous récitons lentement le Notre Père.

La prière achevée, je demande à un volontaire de jeter un coup d'oeil dans la boîte aux lettres. Nous pouvons peut-être au moins acheter des bonbons pour les enfants. Le fait est que nous n'étions habitués à trouver dans cette boîte aux lettres que quelques piécettes. Je reconnais qu'il ne s'agissait que d'un simple réflexe, un automatisme d épourvu de raison et d'espoir.

On ouvre la boîte: une enveloppe! Et volumineuse! Nous courons au bureau, sans oser l'ouvrir. Je la dépose sur la table, au milieu d'un silence de mort. Nous demeurons tous muets, comme des saintes en présence de Dieu. Parce qu'il s'agissait bien du cadeau d'un Dieu qui ne voulait pas permettre que les gens s'en retournent chez eux les mains vides. Nous avons peur de toucher cette enveloppe et nous tremblons à l'idée qu'il nous fait l'ouvrir. Finalement, quelqu'un ose le geste, avec un respect à la hauteur du miracle. Quatre-vingt mille pesetas (quatre-vingt mille pesetas du début des années 80 seraient à peu pr ès deux mille euros aujourd'hui ou plus de deux mille 800 dollars)! C'est une fortune!Nous hésitons entre le rire et les larmes de joie. Je croix que c'était les deux à la fois. Voilà le cadeau de Dieu; peu importe la personne qui a déposé l'enveloppe. Ce qui nous impressionne est de pouvoir toucher du doigt le mystère de la grâce.


C'était le miracle de la multiplication des pains et des poissons. La foule avait faim. Quelques piécettes que nous avons pu rassembler (au départ). Nous les avons déposées sur la table et avons prié ensemble. Et Dieu a fiat en sorte qu'elles se multiplient de telle manière qu'il y en a même eu trop.


Père J.G. Espagne, Diocèse de Madrid Le plus beau Noël
C'était mon premier Noël en paroisse. Passablement fatigué par les célébrations des dernières heures, j'avais pris un repas rapide et fait une bonne sieste. En fin d'après-midi, je partis visiter une vieille dame malade pour lui apporter la communion. Au retour, je passais devant notre église, fermée en cette fin de journée.À ce moment-là, une voiture s'y arrête. Une dame en sort et, assez brusquement, se heurte à la porte close. Je sens en elle non pas tant de la colère qu'un profond découragement. Je m'approche en lui disant que je suis un des prêtres de la paroisse, m'excusant déjà de la fermeture de l'église. C'était une infirmière. Toute la nuit elle a travaillé auprès des malades, dans des conditions difficiles et n'a pas eu le courage d'aller à la messe ce matin, espérant en trouver une ce soir.

Machinalement je mets ma main à la poche, pour y découvrir les clés de l'église, qui normalement ne m'arrive jamais (elles sont trop encombrantes!). Alors, je lui dis que je peux lui ouvrir et qu'ensemble, nous irons près de Jésus. Nous pénétrons rapidement jusqu'au pied de notre grande crèche. La femme se met à genoux et moi, je l'imite, juste derrière elle. Elle commence alors à s'adresser directement à Jésus, exprimant tout à la foi les difficultés de son travail et sa confiance en lui. C'est vraiment Noël. Jésus est là, dans la crèche, Dieu au milieu de nous, accessible à tous. Au bout d'un moment j'ose timidement lui dire: « Vous savez, le jour de Noël est aussi un jour de miséricorde... » Alors, sans que nous changions de position, voilà qu'elle exprime sa confession à l'Enfant Jésus et que dans la joie de ce jour, je lui donne le pardon de Dieu. Ensuite, le coeur déjà bouleversé, je vais rapidement au tabernacle pour lui porter la communion qu'elle reçoit avec grande joie. « C'est mon plus beau Noël » me dit-elle en sortant. « Pour moi aussi! »


Père S.D. Belgigue, Diocèse de Malines-Bruxelles________________________Réflexion: 

(extraite de « La voie dominicaine » de Timothy Radcliffe, Novalis 2012, pp. 59.62)
l est intéressant de comprendre que la musique qui est si liée par le temps peut toutefois ouvrir notre attention à la réalité de l'éternité. De la même manière, la musique nous ouvre à un autre concept du divin, à savoir que Dieu n'existe pas dans le temps. Je pense que les athées me rejoignent sur ce point car Dieu n'existe pas. Dieu n'est pas une chose comme vous, moi ou cette table, il dépasse « la choséité ».

... Nous sommes des miroirs de Dieu, le créateur de toutes choses. Nous essayons de l'imiter en spatialisant son image sonore.

Oui, je crois (à la promesse de la vie après la mort), car je me sens entraîné vers cette réflexion bien que ce soit un mystère. Je ne l'ai pas rejetée comme bien d'autres l'ont fait qui la considèrent comme un conte de fées à cela près que, contrairement aux autres contes de fées, tout est vrai. Cette idée recèle une grande sagesse. Les contes de fées sont un ravissement; ils s'adressent à l'enfant qui est en chacun de nous, et si un homme ne parvient pas à garder l'enfant en lui vivant dans ses années d'adulte, il ne sera pas compositeur. Si vous ne pouvez pas maintenir votre enfant en vie, surtout en tant que croyant, quelque chose d'essentiel meurt en vous.

(James Macmillan, compositeur et chef d'orchestre de renommée internationale, marié et laïc dominicain de Glasgow)

Réflexion ( extraite de « Vigneault, un pays intérieur », interview de Pierre Maisonneuve, Montréal, Novalis 2012, p. 16-17)

...je me souviens d'un « pouvoir » que mon père m'a donné, alors que j'avais cinq ans. Chaque année, pour le temps des Fêtes, le curé de Natasquan faisait faire une très grosse crèche, où nous allions prier le petit Jésus. L'année de mes cinq ans, mon père m'avait emmené devant la crèche et m'avait dit: « Demande au p'tit Jésus qu'il nous apporte de la «gâgne », c'est-à-dire de quoi gagner notre vie. Mon père avait foi dans les prières d'un enfant. J'avais donc demandé au petit Jésus, avec toute la sincérité et la ferveur de mon âme, de tout mon coeur, de tout mon être, qu'il procure à mon père de quoi gagner sa vie. Et c'est ce qui s'était produit! Je n'ai pas cru que c'était moi tout seul qui l'avait obtenu ou que c'était le petit Jésus qui m'avait exaucé. Je ne savais rien. Tout ce que je savais, c'est que je l'avais demandé à Jésus et que nous avions réussi à vivre pendant toute l'année suivante... et puis les autres années aussi. Tout cela fait partie de la naïveté de la foi de mon père et de la mienne. Mais sans nécessairement s'en douter, mon père m'avait donné, avec sa foi, un énorme pouvoir...

Sans dogmes, sans définitions, sans apologétique. Il m'avait donné un pouvoir considérable sur notre vie à tous, et il m'avait appris la prière. Il m'avait appris que la prière pouvait être utile. Je n'avais pas encore compris la force et l'importance de la prière. Mais mon père me l'a enseignée dans ce décor particulier, avec un rituel bien établi que nous suivions chaque année, avec un territoire, des limites et des balises, des frontières... de l'ordre à la place du chaos. Mon père m'enseignait ainsi que la prière était un pouvoir, qu'elle allait dans le sens du bien, qu'elle était bonne pour moi, pour lui, pour toujours. Mais il ne le savait pas. Il le croyait! Il n'avait, de prime abord, aucune intention pédagogique. Il me faisait part du don qu'il avait lui-même reçu, probablement au même âge que moi, et me le transmettait. C'est cela la tradition: tradere, faire passer d'un pays à 'autre, trader, faire passer d'une personne, d'une âme à l'autre. Je n'ai jamais oublié cette émotion et en même temps cette espèce de responsabilité qui m'était tombée sur les épaules. « Tu as la responsabilité de me procurer du travail », m'avait-il dit sans grand discours.


http://paroissevalcourt.org/lc_2,1-14_c_Noel_25decembre2012.htm


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