jeudi 9 octobre 2014

12 octobre 2014: 28e Dimanche Ordinaire A

Dieu amoureux

Dieu, en son Fils Jésus, est amoureux! Il veut épouser... l’humanité! Il veut tisser avec nous une relation d’amour et de tendresse. Il organise une noce. Bonne nouvelle: tous sont invités à être de la fête, sans distinction aucune.


MOT D’ACCUEIL

Aujourd’hui, nous sommes invités à participer à un festin royal, un festin divin. Dieu est amoureux, il nous invite à la table. Que la célébration de l’eucharistie raffermisse en nous la joie d’être aimés du Seigneur qui veut nous combler de ses dons. Dans l’esprit de la fête de l’Action de grâce, nous cœurs s’unissent pour lui dire merci!


Mt 22, 1-14
1 Jésus prit de nouveau la parole pour raconter aux gens une histoire inspirée de la vie. 2 Le domaine de Dieu se compare à un homme qui était un roi et qui organisa un festin de noces pour son fils. 3 Il envoya donc ses serviteurs convoquer les invités pour qu’ils viennent aux noces, mais ceux-ci ne voulaient pas venir. 4 De nouveau, il envoya d’autres serviteurs avec cette consigne : « Dites aux invités que mon repas est prêt, mes taureaux et mes bêtes grasses ont été égorgés, tout est donc prêt. Venez aux noces! » 5 Mais les invités, tout à fait indifférents, s’en retournèrent, l’un à son champ, l’autre à son commerce. 6 Et les autres se saisirent de ses serviteurs pour les maltraiter et les tuer. 7 Alors le roi se mît en colère et envoya son armée pour faire périr ces meurtriers et incendier leurs villes. 8 Il dit ensuite à ces serviteurs : « La noce est prête, mais les invités n'ont pas su s'ajuster. 9 Allez donc aux carrefours des routes, et invitez aux noces tous ceux que vous trouverez. » 10 Ces serviteurs partirent sur les routes et ramassèrent tous ceux qu’ils trouvèrent, mauvais comme bons. Et la salle de noces fut remplie de convives. 11 Après être entré pour voir les convives, le roi vit là un homme qui n’avait pas revêtu son habit de noce. 12 Il lui dit donc : « Mon ami, comment es-tu entré ici sans habit de noce? ». Lui, ne sut que répondre. 13 Alors le roi dit aux serviteurs : « Expulsez-le dehors mains et pieds liés au milieu de la nuit. C’est là qu’on retrouvera un monde de remord et de colère. 14 En effet, il y a beaucoup de gens appelés, mais peu rencontrent finalement les critères de sélection. »


RÉFLEXION(1) 

Mes occupations... mes excuses... mes engagements...

1. Le samedi et le dimanche, je me retrouve avec toutes sortes d’occupations: travail autour de la maison, au chalet, courses de chevaux, marchés aux puces, magasinages, patinage, hockey, ski (l’hiver), golf, chasse et pêche (le printemps, l’ét é, l’automne), voyages, etc
En somme je suis une personne active, qui ne se demande pas quoi faire: les activités se présentent toujours plus abondantes d’une fin de semaine à l’autre.
Et d’après moi, personne n’a le droit de me reprocher d’être quelqu’un ‘de bien occupé’.

2. Cependant, il y a un ‘mais’...
J’ai été souvent invité à me présenter ‘aux noces du Fils’...
J’ai donné des ‘excuses’ pour ne pas aller ‘au repas du Seigneur’:
- J’ai dit que ceux qui y allaient étaient des hypocrites; qu’ils ne faisaient que regarder les travers de ceux qui étaient en avant d’eux ou de côtés!
- J’ai dit que ça ne changeait rien à ma vie d’y aller ou de ne pas y aller.
- J’ai dit que j’avais trop à faire que d’aller là.
- J’ai dit que c’était mon seul temps de repos tranquille, à la maison ou au chalet.
- J’ai dit qu’il me fallait préparer ma sortie du samedi soir.
- J’ai dit que les responsables ne m’aimaient pas, en me montrant mes manies.
- J’ai dit que j’étais malchanceux en y allant.

3. Et pourtant j’aurais tout à gagner, en m’engageant:
J’aurais une réponse pour expliquer ma venue.
- Une belle fête réussie, c’est celle qui rassemble beaucoup de monde; moi j’y vais pour la réussite...
- Je trouve que le ‘Fils’ mérite bien que je me déplace pour ses noces, pour son repas, signe de ses noces éternelles...
- Je veux faire ma part pour la réussite des noces.
- Je ne veux pas abuser de l’hospitalité, rester dans mon coin, sans participer...
- Je veux être un invité digne de l’invitation, par l’attention à la Parole de Dieu, à son Pain de Vie, par la bonté envers les personnes durant la semaine.
- et surtout je ne veux pas être un ‘pique-assiette’ pour m’empiffrer au moindre coût.
Occupé, je le suis; invité, je le suis; des excuses, je peux en avoir; des engagements pour le Seigneur, ça dépend de moi!
_______________________________

RÉFLEXION (2)

S’ajuster à la vie jusqu’à la mort

Quand un homme et une femme décident de vivre ensemble, ils savent qu’ils devront s’ajuster l’un à l’autre. Cet ajustement ne se fera pas automatiquement, mais exigera toute l’énergie de leur bonne volonté. Ils auront à s’ouvrir à une personnalité différente, à une histoire familiale et personnelle différente. Mais ils le feront volontiers, parce qu’ils sont propulsés par la force de l’amour et le bonheur du vivre ensemble. Quand le premier enfant entrera dans la famille, ils devront encore s’ajuster : ils ne seront plus deux, mais trois, avec toutes les exigences et les contraintes de la troisième personne. Mais encore une fois, ils le feront volontiers, mus par la joie et le bonheur d’avoir cet enfant. Avez-vous remarqué ceci? À chaque fois qu’on s’ouvre à la vie sous quelque forme que ce soit, il faut toujours s’ajuster, sous peine de passer à côté de ce qui est offert.

C’est dans ce contexte qu’il faut relire l’évangile de Matthieu de ce jour. Jésus compare le domaine de Dieu à des noces organisées par un roi, mais tout le monde décline son invitation parce que les invités sont plus intéressés à vaquer à leur routine quotidienne qu’à s’ouvrir à quelque chose de merveilleux offert à l’instant même. Finalement, seuls les gens disponibles parce qu’ils n’ont pas de terre ou de commerce accepteront l’invitation. Cette histoire est suivie par une deuxième partie où un des invités sera mis à la porte parce qu’il n’a pas su s’ajuster totalement à la situation : il s’est ouvert à l’invitation, mais il n’est pas allé jusqu’au bout en ajustant ses vêtements.

Où veut-on en venir avec ce banquet de noces? À l’époque où Matthieu écrit son évangile, il cherche à comprendre pourquoi l’élite religieuse juive a refusé de s’ouvrir à l’enseignement de Jésus, un enseignement qui parlait de l’amour incommensurable et inconditionné d’un Dieu pour son peuple, un amour qui crée la même atmosphère qu’un festin de noces. Sa réponse? Cette élite était trop bien établie dans la structure sociale de l’époque, étaient trop obnubilés par leurs intérêts immédiats pour s’ouvrir à autre chose. Voilà la triste constatation sur son peuple que fait Matthieu. Mais à la fin du récit, qui est cet homme qui festoie sans habit de noce? C’est le chrétien, celui qui, contrairement à l’élite religieuse, a accepté l’enseignement de Jésus, mais qui ne vit plus en conformité avec sa robe de baptême, dont la vie ne porte plus les fruits de l’amour. L’évangile se termine comme par un cri de douleur : il y a tellement de gens appelés, pourquoi y a-t-il si peu qui vont jusqu’au bout de l’invitation?

Cette histoire de banquet de noces nous renvoie à une dimension mystérieuse de la vie. Comment est-il possible de refuser une bonne nouvelle, un amour fou, une grande fête, une réalité merveilleuse quelle qu’elle soit? Ou encore, comment un amour originel flamboyant peut-il un jour s’éteindre? Qu’est-ce qui nous permettrait de rester ouvert chaque jour à la musique de la vie et la fête de l’amour? C’est cela notre drame : ce n’est pas que nous avons eu hier un cœur ouvert, qu’il sera ouvert aujourd’hui, car depuis hier la vie a changé, et l’adaptation doit se poursuivre. Permettez-moi d’évoquerla figure de Mugabe, élu président en 1980 de la jeune république du Zimbabwe avec des rêves de justice sociale et raciale. Comment a-t-il pu devenir ce vieillard qui s’accroche violemment au pouvoir, au lieu d’embrasser un monde de justice et de paix pour noirs et blancs où tous pourraient danser dans la rue? Sur le plan collectif, notre monde a également changé, avec le stress sur l’environnement provoqué par notre industrie et le débat sur le pétrole. Comment allons-nous nous ajuster?

Le défi que nous avons à relever, c’est de rester ouvert à la vie dans toute sa profondeur, dans ses dimensions multiples et changeantes, et cela demande un ajustement de chaque jour. C’est là que se fait entendre Dieu, c’est là que se trouve le banquet de noces. C’est ce qu’a vécu, à mon avis, Louise Dallaire, qui a écrit ce beau petit livre : « Les touristes ne vont pas à Abalak. » Mère de famille et enseignante à la retraite, elle accepte une invitation à une fête des peuples nomades du Sahara, au Niger. Malgré la faim, la soif, l’inconfort et la perte de tous ses points de repère culturels, elle s’ouvre à la grandeur et à la beauté de chaque être humain. Elle s’est laissé guider par une foi incommensurable en la vie, elle a trouvé la fête.

Nous voulons marcher dans les pas de Jésus. À chaque jour, il s’est ouvert à tous les appels de la vie, il s’est ajusté constamment à ce qu’il voyait et entendait, et cela jusqu’à sa mort. Est-ce également notre désir et notre prière?


 Sources:

http://vieliturgique.ca/index.php?option=com_content&task=view&id=80

http://prionseneglise.ca/index.php/313-celebrer-le-dimanche-avec-prions-canvas-46

http://paroissesaintefamilledevalcourt.org/mt_22,1-14__a_28e_dimanche_ordinaire_12octobre2014.htm

http://mystereetvie.com/Mt220114.html


Autres liens intéressants

http://www.vazy-jetecrois.com/spip.php?article746

http://kerit.be/homelie.php

http://www.cursillos.ca/formation/reflexion-chretienne.htm



vendredi 3 octobre 2014

Le 5 octobre 2014: 27e Dimanche Ordinaire (A)


MOT D’ACCUEIL

  • La mort injuste de Jésus semblait mettre fin à son message, mais il n’en fut rien. Ce drame a bien plutôt marqué une étape vers le relèvement des morts par Dieu notre Père. À nous de prolonger aujourd’hui dans cette merveille.




Mt 21, 33-43
 33 «Écoutez cette autre histoire inspirée de la vie. Il y avait un propriétaire d'un grand domaine qui planta une vigne, posa tout autour une clôture, y creusa un pressoir et y construisit une tour, puis la donna en location à des cultivateurs avant de partir en voyage. 34 Quand approcha le temps de la récolte, il envoya ses serviteurs chez les cultivateurs prendre le produit de sa récolte. 35 Mais ceux-ci, après s'être saisis des serviteurs, maltraitèrent l'un, tuèrent l'autre, et firent mourir par lapidation un autre encore. 36 Le propriétaire envoya de nouveau d'autres serviteurs encore plus nombreux que les premiers, mais ils leur firent subir exactement le même sort. 37 Finalement, il leur envoya son propre fils en se disant: «Ils auront au moins du respect pour mon fils.» 38 Mais en apercevant ce fils, les cultivateurs se dirent en eux-même: «Voici l'héritier. Venez! Tuons-le et prenons possession de l'héritage.» 39 Alors ils se saisirent de lui, le firent sortir hors de la vigne et l'assassinèrent. 40 Alors quand le propriétaire sera revenu à sa vigne, que fera-t-il à ces cultivateurs?» 41 On lui répondit: «Il fera périr misérablement ces méchants, et confiera la vigne en location à d'autres cultivateurs, qui eux lui remettront la récolte au moment prévu.» 42 Jésus leur dit: «N'avez-vous jamais lu dans la Bible ce passage:

La pierre qu'avaient rejetée les constructeurs
est devenue par la suite la pierre angulaire.
C'est arrivé à cause du Seigneur,
et ce que nous voyons est merveilleux.

43 C'est pourquoi je vous dis: «Le domaine de Dieu vous sera enlevé, pour être confié à un peuple qui saura le faire fructifier.»


Réflexion

Cette terre qui m'est donnée à cultiver

Comprendre la parabole des vignerons révoltés n'est pas très difficile. Un homme a fait un investissement dans une ferme, et vit la désagréable surprise de non seulement se voir refuser son dû, mais également de subir une attaque personnelle dans la tentative de s'emparer de son bien et de l'assassinat de son fils, présumé héritier. Question: comment réagira ce propriétaire? Il est facile de répondre : ce propriétaire se débarrassera au plus vite de ces travailleurs pour les remplacer par d'autres.

Il est également facile de transposer cette situation dans le contexte de notre vie de tous les jours. Comment réagiriez-vous si vous aviez confié vos économies à un courtier pour qu'il l'investisse dans un REÉR, et que vous vous retrouviez un jour avec presque rien, à cause de placements imprudents et mal avisés? Vous vous débarrasseriez au plus vite de ce courtier et le traîneriez probablement en cour.

Ce qui est moins évident, c'est de préciser où veut-on en venir avec cette parabole. De son côté, l'évangéliste Matthieu entend clairement associer les vignerons révoltés à cette partie du peuple juif qui s'est fermé à la foi chrétienne, et expliquer ainsi son remplacement par la communauté des chrétiens dans le plan de Dieu. Jésus lui-même a probablement utilisé cette parabole pour exhorter les responsables religieux à une prise de conscience: vous avez dévié de votre mission, vous avez confisqué pour votre profit ce que Dieu vous a confié, et si cela ne change pas, vous aurez à faire face au rejet même de Dieu.

Mais de notre côté, à quoi cette parabole renvoie-t-elle exactement? Je pense qu'elle renvoit à notre situation profonde d'être humain: nous sommes des êtres qui n'existons que parce que nous avons tout reçu, i.e. la vie et l'apprentissage à la vie, et sommes appelés en retour à donner la vie et à apprendre aux autres à vivre. Il y a donc deux dimensions: nous ne sommes pas propriétaires de la vie, et nous sommes appelés à faire fructifier cette vie pour que d'autres naissent à la vie. Ce sont ces deux dimensions qui se retrouvent dans la parabole.

Mais alors, où est le problème? Le problème, ce sont de multiples choses comme ce qui suit. Récemment, nous mangions avec une amie qui est au début de la cinquantaine. Puis, au milieu du repas, elle dit: "Je me rends compte avec le temps que nos parents ne nous ont jamais vraiment aimés, ils se sont plutôt servis de nous". Et voilà qu'au terme d'une vie, au moment où ils devraient récolter le fruit de leur oeuvre d'amour, des parents font face à des relations cahoteuses et à demi brisées. Peut-on renvoyer des parents comme on renvoie un courtier? Et je me sens moi-même interpellé: est-ce que, moi aussi, au travail ou à la maison, je me sers de ceux dont je suis responsable pour réaliser mes propres ambitions, satisfaire mes propres besoins?

Qu'est-ce qui passe donc chez un être humain pour dévier ainsi de sa route? Une illusion. Une formidable illusion. Et la peur. L'illusion est racontée dans ce fameux récit de Ève au Jardin d'Eden: "...'Vos yeux s'ouvriront et vous serez comme des dieux, qui connaissent le bien et le mal.' La femme vit que l'arbre était bon à manger et séduisant à voir..."

L'illusion est de penser qu'en échappant à sa condition de créature, en fuyant ce monde limité et fragile, en ne dépendant de personne pour sa subsistance et la reconnaissance de sa valeur, bref en devenant ce qu'on s'imagine être Dieu, nous allons connaître le nirvana. C'est ainsi que des parents regardent leurs enfants, non pas tels qu'ils sont, mais tels qu'ils les voient dans la projection de leurs désirs et de leurs fantasmes. C'est ainsi qu'on est incapable de sentir la beauté, la grandeur, la joie de chaque moment passé avec quelqu'un qu'on essaie de comprendre, d'éduquer, de reprendre, de guider. On s'imagine le bonheur à la manière d'un bassin qui recueille et retient toutes les eaux d'alentour, plutôt qu'un fleuve qui rejette à la mer l'eau qu'il a reçu.

Et il y la peur, cette fameuse peur qui me fait engranger par peur du lendemin. Qui sait si mes enfants me paieront de retour et s'occuperont de moi dans ma vieillesse. La peur est l'envers de la foi. Autant la foi construit des relations multiples, autant la peur les brise. Ne nous étonnons pas d'entendre Jésus répéter: "Pourquoi avez-vous peurs, gens de peu de foi?"

Personnellement, tout comme vous, j'ai à mener un combat pour découvrir sans cesse la grandeur de cette terre qui m'est donnée à cultiver, de rejeter comme illusions ces ailleurs où j'échapperais à ce qui constitue mon lot avec ses contraintes et ses limites. Je dois vaincre cette peur constante de compter sur les autres pour mon lendemain. Ce combat en vaut la peine, car le bonheur est là, et pas ailleurs. Par là je deviens un être qui donne son fruit au temps propice, qui donne autant sinon plus que ce qu'il a reçu. Mais il y a plus. Ne découvrirais-je pas ainsi un peu plus cet Être mystérieux qui, loin d'être autosuffisant, a voulu cette relation à un monde fragile et limité?


AGISSONS!

Avec septembre, l'année est repartie. Vais-je reprendre à mon compte une part de la catéchèse sortie de nos écoles? Si je m'intégrais à un organisme de la paroisse? Si je m'offrais pour un service liturgique? Si je prenais à mon compte la visite à une personne seule? Et plus, si j'invitais un ami à agir avec moi? Si je révisais l'éducation religieuse que je donne à mes enfants ? Est-ce que je les invite à rendre service? Est-ce que je les mets en relation avec Dieu par la prière? Est-ce que je cultive ma vigne?


Source:

http://mystereetvie.com/Mt213343.html

D'autres sources:

http://paroissesaintefamilledevalcourt.org/mt_21,33-43__a_27e_dimanche_ordinaire_5octobre2014.htm

http://kerit.be/homelie.php

http://www.cursillos.ca/formation/reflexion-chretienne.htm



19 octobre 2014: Message du pape François pour la journée missionnaire mondiale

MESSAGE POUR LA JOURNÉE MISSIONNAIRE MONDIALE 2014


19 octobre 2014: 

Message du pape François pour la journée missionnaire mondiale 




La mission ad gentes demeure une grande urgence

Chers frères et sœurs, 

Aujourd’hui encore, très nombreux sont ceux qui ne connaissent pas Jésus Christ. C’est pourquoi la mission ad gentes demeure une grande urgence, à laquelle tous les membres de l’Église sont appelés à participer, parce que l’Église est, de par sa nature même, missionnaire : l’Église est née « en sortie ». La Journée missionnaire mondiale est un moment privilégié durant lequel les fidèles des différents continents s’engagent par la prière et par des gestes concrets de solidarité à soutenir les jeunes Églises des territoires de mission. Il s’agit d’une célébration de grâce et de joie. De grâce, parce que le Saint Esprit, envoyé par le Père, offre sagesse et force à ceux qui sont dociles à son action. De joie, parce que Jésus Christ, le Fils du Père, envoyé pour évangéliser le monde, soutient et accompagne notre œuvre missionnaire. C’est justement sur la joie de Jésus et des disciples missionnaires que je voudrais offrir une icône biblique, que nous trouvons dans l’Évangile de Luc (cf. 10, 21-23). 


1. L’Évangéliste raconte que le Seigneur envoya les soixante-douze disciples deux par deux, dans les villes et les villages pour annoncer que le Royaume de Dieu s’était fait proche et pour préparer les personnes à la rencontre avec Jésus. Après avoir accompli cette mission d’annonce, les disciples revinrent pleins de joie : la joie est un thème dominant de cette première et inoubliable expérience missionnaire. Le Divin Maître leur dit : « Ne vous réjouissez pas de ce que les esprits vous sont soumis ; mais réjouissez-vous de ce que vos noms se trouvent inscrits dans les cieux. A cette heure même, il tressaillit de joie sous l’action de l’Esprit Saint et il dit : “Je te bénis, Père” (…) Puis, se tournant vers ses disciples, il leur dit en particulier : “Heureux les yeux qui voient ce que vous voyez !” » (Lc 10,20-21.23). 


Ce sont les trois scènes présentées par Luc. D’abord, Jésus parla aux disciples, puis il s’adressa au Père avant de recommencer à parler avec eux. Jésus voulut faire participer les disciples à sa joie, qui était différente et supérieure à celle dont ils avaient fait l’expérience. 

2. Les disciples étaient pleins de joie, enthousiastes du pouvoir de libérer les personnes des démons. Toutefois, Jésus les avertit de ne pas se réjouir tant pour le pouvoir reçu que pour l’amour reçu : « parce que vos noms se trouvent inscrits dans les cieux » (Lc 10, 20). En effet, l’expérience de l’amour de Dieu leur a été donnée ainsi que la possibilité de le partager. Et cette expérience des disciples est un motif de gratitude joyeuse pour le cœur de Jésus. Luc a saisi cette jubilation dans une perspective de communion trinitaire : « Jésus tressaillit de joie sous l’action de l’Esprit Saint », s’adressant au Père et lui rendant gloire. Ce moment de joie intime jaillit de l’amour profond de Jésus en tant que Fils envers Son Père, Seigneur du ciel et de la terre qui a caché ces choses aux sages et aux intelligents mais qui les a révélées aux tout-petits (cf. Lc 10, 21). Dieu a caché et révélé et, dans cette prière de louange, ressort surtout le fait de révéler. Qu’est-ce que Dieu a révélé et caché ? Les mystères de son Royaume, l’affirmation de la seigneurie divine en Jésus et la victoire sur satan. 

Dieu a caché tout cela à ceux qui sont trop pleins d’eux-mêmes et prétendent déjà tout savoir. Ils sont comme aveuglés par leur présomption et ne laissent pas de place à Dieu. Il est facile de penser à certains contemporains de Jésus qu’il a avertis à plusieurs reprises mais il s’agit d’un danger qui existe toujours et qui nous concerne nous aussi. En revanche, les “petits” sont les humbles, les simples, les pauvres, les marginalisés, ceux qui sont sans voix, fatigués et opprimés, que Jésus a déclarés “bienheureux”. Il est facile de penser à Marie, à Joseph, aux pêcheurs de Galilée et aux disciples appelés le long du chemin, au cours de sa prédication. 

3. « Oui, Père, car tel a été ton bon plaisir » (Lc 10, 21). L’expression de Jésus doit être comprise en référence à son exultation intérieure, où le bon plaisir indique un plan salvifique et bienveillant de la part du Père envers les hommes. Dans le contexte de cette bonté divine, Jésus a exulté parce que le Père a décidé d’aimer les hommes avec le même amour qu’Il a pour le Fils. En outre, Luc nous renvoie à l’exultation similaire de Marie : « mon âme exalte le Seigneur, et mon esprit tressaille de joie en Dieu mon Sauveur » (Lc 1, 47). Il s’agit de la Bonne Nouvelle qui conduit au salut. Marie, en portant en son sein Jésus, l’Évangélisateur par excellence, rencontra Elisabeth et exulta de joie dans l’Esprit Saint, en chantant le Magnificat. Jésus, en voyant la réussite de la mission de ses disciples et, ensuite, leur joie, exulta dans l’Esprit Saint et s’adressa à son Père en priant. Dans les deux cas, il s’agit d’une joie pour le salut en acte, parce que l’amour avec lequel le Père aime le Fils arrive jusqu’à nous et, par l’action de l’Esprit Saint, nous enveloppe, nous fait entrer dans la vie trinitaire. 

Le Père est la source de la joie. Le Fils en est la manifestation et l’Esprit Saint l’animateur. Immédiatement après avoir loué le Père, comme le dit l’Évangéliste Matthieu, Jésus nous invite : « Venez à moi, vous tous qui peinez et ployez sous le fardeau, et moi je vous soulagerai. Chargez-vous de mon joug et mettez-vous à mon école, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez soulagement pour vos âmes. Oui, mon joug est aisé et mon fardeau léger » (11, 28-30). « La joie de l’Évangile remplit le cœur et toute la vie de ceux qui rencontrent Jésus. Ceux qui se laissent sauver par lui sont libérés du péché, de la tristesse, du vide intérieur, de l’isolement. Avec Jésus Christ la joie naît et renaît toujours » (Exhort. ap. Evangelii gaudium, n.1). 

De cette rencontre avec Jésus, la Vierge Marie a eu une expérience toute particulière et elle est devenue « causa nostrae laetitiae ». Les disciples par contre ont reçu l’appel à demeurer avec Jésus et à être envoyés par lui pour évangéliser (cf. Mc 3, 14) et ils sont ainsi comblés de joie. Pourquoi n’entrons-nous pas nous aussi dans ce fleuve de joie ? 

4. « Le grand risque du monde d’aujourd’hui, avec son offre de consommation multiple et écrasante, est une tristesse individualiste qui vient du cœur bien installé et avare, de la recherche malade de plaisirs superficiels, de la conscience isolée » (Exhort. ap. Evangelii gaudium, n. 2). C’est pourquoi l’humanité a un grand besoin de puiser au salut apporté par le Christ. Les disciples sont ceux qui se laissent saisir toujours plus par l’amour de Jésus et marquer au feu de la passion pour le Royaume de Dieu, afin d’être porteurs de la joie de l’Évangile. Tous les disciples du Seigneur sont appelés à alimenter la joie de l’Évangélisation. Les Évêques, en tant que premiers responsables de l’annonce, ont le devoir de favoriser l’unité de l’Église locale dans l’engagement missionnaire, en tenant compte du fait que la joie de communiquer Jésus Christ s’exprime autant dans la préoccupation de l’annoncer dans les lieux les plus lointains que dans une constante sortie en direction des périphéries de leur propre territoire, où se trouve le plus grand nombre de personnes pauvres dans l’attente. 

Dans de nombreuses régions, les vocations au sacerdoce et à la vie consacrée commencent à manquer. Souvent, cela est dû à l’absence d’une ferveur apostolique contagieuse au sein des communautés,
absence qui les rend pauvres en enthousiasme et fait qu’elles ne sont pas attirantes. La joie de l’Évangile provient de la rencontre avec le Christ et du partage avec les pauvres. J’encourage donc les communautés paroissiales, les associations et les groupes à vivre une vie fraternelle intense, fondée sur l’amour de Jésus et attentive aux besoins des plus défavorisés. Là où il y a la joie, la ferveur, le désir de porter le Christ aux autres, jaillissent d’authentiques vocations. Parmi celles-ci, les vocations laïques à la mission ne doivent pas être oubliées. Désormais, la conscience de l’identité et de la mission des fidèles laïcs dans l’Eglise s’est accrue, tout comme la conscience qu’ils sont appelés à jouer un rôle toujours plus important dans la diffusion de l’Évangile. C’est pourquoi il est important qu’ils soient formés de manière adéquate, en vue d’une action apostolique efficace. 

5. « Dieu aime celui qui donne avec joie » (2 Co 9, 7). La Journée missionnaire mondiale est également un moment pour raviver le désir et le devoir moral de participer joyeusement à la mission ad gentes. La contribution économique personnelle est le signe d’une oblation de soi-même, d’abord au Seigneur puis à nos frères, afin que l’offrande matérielle devienne un instrument d’évangélisation d’une humanité qui se construit sur l’amour. 


Chers frères et sœurs, en cette Journée missionnaire mondiale, ma pensée se tourne vers toutes les Églises locales. Ne nous laissons pas voler la joie de l’évangélisation ! Je vous invite à vous immerger dans la joie de l’Évangile et à alimenter un amour capable d’illuminer votre vocation et votre mission. Je vous exhorte à faire mémoire, comme dans un pèlerinage intérieur, du « premier amour » avec lequel le Seigneur Jésus Christ a réchauffé le cœur de chacun, non pas pour en concevoir un sentiment de nostalgie mais pour persévérer dans la joie. Le disciple du Seigneur persévère dans la joie lorsqu’il demeure avec lui, lorsqu’il fait sa volonté, lorsqu’il partage la foi, l’espérance et la charité évangélique. 

À Marie, modèle d’évangélisation humble et joyeuse, adressons notre prière, afin que l’Église devienne une maison pour beaucoup, une mère pour tous les peuples et qu’elle rende possible la naissance d’un monde nouveau. 

Du Vatican, le 8 juin 2014, Solennité de la Pentecôte.  
                                        

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