samedi 10 mars 2012

Réflexion pour l'evangile: 11 mars 2012: 3e dimanche de Carême




RÉFLEXION:

Chers amis,

               Il ya 3 ans, la NASA lançait une puissante fusée qui projettera au-delà de notre système solaire le satellite Kepler contenant des appareils pesant une tonne.  Le but, c’est d’étudier d’autres planètes ressemblant à la Terre pour voir s’il n’y aurait pas des formes de vie ressemblant à celles que nous retrouvons ici : vie végétale, animale ou autre.  Tout cela, non pas que nous nous sentions menacés par de possibles petits hommes verts, jaunes ou rouges, mais sans doute par curiosité; car il nous semble impossible que, dans ce vaste univers comptant des milliards d’astres de toutes sortes, c’est seulement sur la Terre que la vie peut se développer.  Pendant plus de trois ans, on recevra des images qu’on analysera jusqu’au jour où, sur le point de se désintégrer, le télescope enverra des images du profil des planètes encore plus éloignées.  Pour constater encore une fois que les limites de l’infiniment grand ne sont toujours pas à notre portée.

Tous ces efforts pour découvrir le vaste monde ne sont pas inutiles.  Nous avons déjà beaucoup profité de la recherche spatiale depuis une cinquantaine d’année; mais en même temps la relation avec celui que, dans notre foi, nous appelons Notre Père, le créateur du ciel et de la terre, semble avoir perdu de son intérêt.  Notre goût pour le commerce, les affaires, la recherche scientifique -  tout ce qui matériel – tend à nous voiler le visage du Père éternel.  C’est un peu tout cela que Jésus dénonce aujourd’hui en chassant les vendeurs du Temple qui occupent tellement de place dans ce lieu de prière et dans la vie des gens qui s’y rassemblent qu’on en oublie d’établir une vrai relation avec Dieu : Ne faites pas de la maison de mon Père, une maison de trafic.

Suite à l’étonnement et au questionnement des personnes qui sont témoins de son indignation, on demande des justifications.  C’est à ce moment-là que Jésus va en étonner plusieurs en se désignant personnellement comme le futur Temple, celui en qui il faudra se retrouver pour entrer en communication avec le Père et pour aller vers lui.  Après qu’il eut affirmé qu’il relèverait le temple détruit après trois jours, on comprit que le temple dont il parlait était son corps.

Accéder à Dieu, créateur du ciel et de la terre, en faisant un avec Jésus ressuscité qui se définit comme le Temple de Dieu, c’est voir l’invisible, c’est accéder à l’infini.  Jésus, c’est non seulement le télescope qui nous permet de voir au-delà des limites de cette vie, mais il est celui qui nous permet d’accéder à l’infini et à l’immortel.  Pour ceux qui n’ont pas la foi, tout cela n’est que folie pure, au dire de saint Paul; mais pour les croyants que nous sommes c’est de la grande sagesse.  Comme on nous l’a suggéré dans l’acclamation à l’évangile : Acclamez le Christ : en lui, dans son propre corps, habite la plénitude de la divinité.

On peut s’interroger maintenant sur le rapport entre le Christ ressuscité en qui habite la plénitude de la divinité et les commandements de Dieu qui ont été donnés une première fois à Moïse et que nous retrouvons dans la première lecture.  La raison me semble évidente : nous sommes des êtres humains qui avons besoin de balises pour demeurer sur le bon chemin.  Se faire rappeler qu’il n’y a qu’un seul Dieu alors que le peuple de Dieu était entouré de plusieurs peuples aux croyances bien différentes qui pouvaient l’influencer était nécessaire au temps de Moïse.  Aujourd’hui, ce n’est guère différent.  Que de croyances circulent et nous rejoignent, qu’on le veuille ou non.  Respecter le nom de Dieu, se réserver à chaque semaine un peu de temps pour entrer en relation avec son Dieu, c’est dans l’ordinaire des choses pour lui rester uni.  Respecter ses parents, respecter la vie et les valeurs des autres, dire la vérité, voilà autant de conditions pour servir Dieu qui se veut présent dans les autres au point de dire que la personne qui les aime, les respecte, les accueille, c’est lui qu’elle aime, respecte et accueille.  Pas de véritable relation avec Dieu si les ponts sont coupés avec ceux et celles qui sont près de nous.

Pour entrer en relation avec le monde inter-planétaire, pour aller au-delà de ce qui est présentement visible, il faut se donner des instruments c’est ce que la NASA a fait encore une fois au début du mois.  Pour entrer en relation avec ce monde spirituel où le divin et l’infini se retrouvent et qui, à première vue, est hors de portée, notre instrument c’est la foi en Jésus ressuscité qui est en même temps la fusée porteuse et le télescope qui nous permet de voir au-delà du visible.  C’est ainsi que, dans la foi, c’est tout comme si nous pouvions voir l’invisible.  Amen.



D'Autres réflexions interesantes:



http://www.cursillos.ca/formation/reflexion-chretienne.htm



Le commentaire

La violence de la vie

Le 11 septembre 2001 est l'icône d'une passion religieuse violente. Ces bombes humaines ne sont-elles pas justifiées dans cette sainte croisade contre l'empire du mal, cette culture de l'ouest qui attaque de front les préceptes millénaires de la charia islamique? C'est dans ce contexte que je vous propose de relire le récit de ce dimanche où Jésus chasse violemment les commerçants du temple de Jérusalem.

Vous noterez qu'il est rare qu'un récit se retrouve à la fois chez les quatre évangélistes, si on fait exception du récit de sa mort et de sa résurrection. N'êtes-vous pas étonnés que les premiers chrétiens aient voulu livré à notre mémoire un Jésus qui semble "sauter les plombs"? Et chez l'évangéliste Jean, la présentation du geste de Jésus est encore plus violente que chez les autres: on note qu'il se fait un fouet avec des cordes, il éparpille la monnaie des commerçants avant de renverser leurs comptoirs. Et pourtant, jamais l'évangéliste ne dit que ces gens sont des brigands ou des voleurs; il se contente d'affirmer qu'ils sont simplement des commerçants. Quel est donc le problème?

Il faut savoir que ces commerçants jouent un rôle important au temple. Quand l'évangéliste Luc nous raconte que, pour la circoncision de Jésus, Marie et Joseph offrirent en sacrifice ce que prescrivait la loi, i.e. des tourterelles, où pensez-vous qu'ils ont pu se procurer ces oiseaux, sinon chez l'un de ces commerçants? En s'attaquant à ces marchands de boeufs, de brebis et de tourterelles, Jésus s'attaque à tout le système qui permet d'offrir des sacrifices, il s'attaque au culte lui-même du temple. C'est un geste radical, en plus d'avoir été fait avec une certaine violence.

Pourquoi l'évangéliste Jean nous présente-t-il une telle scène où Jésus semble s'attaquer au coeur de la religion juive, comme pourrait le faire un intégriste musulman rejetant la société occidentale? Nous avions déjà reçu un début de réponse dans la scène précédente hautement symbolique, celle des noces de Cana: l'eau changé en vin, i.e. l'eau des ablutions rituelles juives remplacées par quelque chose de meilleur, le vin de la fête et de la joie communautaire, apporté par Jésus lui-même. Avec la scène des vendeurs chassés avec le fouet, on affirme maintenant que le temple et tout le rituel sacrificiel est devenu totalement inutile pour vivre la relation à Dieu, qu'il est remplacé par le nouveau temple qu'est la personne même de Jésus, à jamais vivante après une vie où il s'est donné jusqu'à mourir.

Très bien. Mais pourquoi toute cette violence? C'est la violence même de la vie. Tout comme l'enfant fait violence au ventre maternel pour sortir, et c'est avec un grand cri qu'il accède à la vie, ainsi Jésus veut faire éclater toutes ces cloisons qui empêchent la relation amoureuse avec celui qu'il appelle: Père. Les disciples trouvent la clé de l'attitude de Jésus dans le psaume 69: « Le zèle de ta maison me dévorera » qu'on peut traduire à la fois par « l'amour qui se donne m'habite totalement » et « l'amour qui se donne finira par causer ma mort ». Car le culte du temple, non seulement ne permet pas d'atteindre cette relation vitale à Dieu, mais elle l'entrave. Vous et moi réagissions de la même façon dans notre désir de vie authentique et devant tout ce qui entrave l'amour vrai.

Quelle différence existe-t-il donc entre l'attitude de Jésus et les intégristes de tout acabit, musulmans ou chrétiens? D'une part, l'intégrisme est le refus de toute nouveauté qu'apporte le présent avec ses expériences et ses connaissances nouvelles, c'est le cantonnement dans le statu quo et la croyance que le salut consiste à retourner au passé et aux solutions d'autrefois. Il y a dans l'intégrisme un manque fondamental de foi et un refus du dynamisme de la vie. D'autre part, cette attitude génère vis-à-vis de la situation actuelle amertume et haine qui se transforment en idéologie et en violence destructrice. À l'opposé, c'est le besoin de cette relation amoureuse avec un Dieu Père et de la vie qu'elle engendre qui pousse Jésus à faire éclater ces rites fossilisés du culte du temple et à proposer de devenir à travers son corps offert en don le nouveau lieu d'une relation à Dieu. La seule violence présente est celle de l'amour qui construit, signifié par Pâques.
Je prie pour qu'on retrouve la même violence amoureuse et constructive chez les chrétiens d'aujourd'hui que nous sommes, parfois trop empêtrés dans les rituels du culte.

-Décembre 2005

http://www.mystereetvie.com/Jn021325.html




                                                       Maurice Ruel, prêtre

Jn 2, 13-25
La Pâque des Juifs était proche et Jésus monta à Jérusalem. Il trouva dans le Temple les vendeurs de bœufs, de brebis et de colombes et les changeurs assis. Se faisant un fouet de cordes, il les chassa tous du Temple, et les brebis et les bœufs; il répandit la monnaie des changeurs et renversa leurs tables, et aux vendeurs de colombes il dit: «Enlevez cela d’ici. Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de commerce.» Ses disciples se rappelèrent qu’il est écrit : «Le zèle pour ta maison me dévorera.» Alors les Juifs prirent la parole et lui dirent: «Quel signe nous montres-tu pour agir ainsi?» Jésus leur répondit: «Détruisez ce sanctuaire et en trois jours je le relèverai.» Les Juifs lui dirent alors: «Il a fallu quarante-six ans pour bâtir ce sanctuaire, et toi, en trois jours tu le relèveras?» Mais lui parlait du sanctuaire de son corps. Aussi, quand il fut relevé d’entre les morts, ses disciples se rappelèrent qu’il avait dit cela, et ils crurent à l’Écriture et à la parole qu’il avait dite. Comme il était à Jérusalem durant la fête de la Pâque, beaucoup crurent en son nom, à la vue des signes qu’il faisait. Mais Jésus, lui, ne se fiait pas à eux, parce qu’il les connaissait tous et qu’il n’avait pas besoin d’un témoignage sur l’homme: car lui-même connaissait ce qu’il y avait dans l’homme.

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