dimanche 30 septembre 2012

30 septembre 2012: 26e Dimanche du Temps Ordinaire B

FAVORISER LA SECTE A LAQUELLE NOUS APPARTENONS EST DE L’IDOLATRIE

col fraymarcos

Mc 9, 38-48

CONTEXTE

Le texte d'aujourd'hui suit immédiatement celui que nous avons lu dimanche passé. C'est Jean qui, sans tenir compte de ce que vient de dire Jésus, passe à une question étrangère à ce dont il est question. Ce texte acquiert une signification encore plus profonde si nous nous rappelons que dans le même chapitre (Mc 9, 14-29), juste avant l'épisode que nous avons lu dimanche dernier, il nous est dit que le disciples ne purent expulser un démon ;
Bien que Jésus vienne de leur dire que celui qui veut faire partie des siens doive se charger de la croix, et que celui qui veut être le premier soit le dernier et le serviteur, les apôtres ne comprennent toujours pas.

Une fois de plus, Jésus doit corriger leur soif de supériorité. Ils s'efforcent toujours d'être ceux qui contrôlent le mouvement en train de naître autour de Jésus. Sous le prétexte du zèle, ils cherchent à s'assurer des privilèges. Il s'agit certainement de problèmes posés dans la communauté où se rédige l'évangile.

Le reste de ce que nous avons lu n'est pas un discours, mais un ensemble de dictons qui peuvent remonter à Jésus.

Il n'est pas l'un des nôtres. Le texte grec dit : « parce qu'il ne nous suit pas ». Cette petite nuance pourrait nous ouvrir une perspective nouvelle dans l'interprétation. Le seul fait de prononcer cette phrase suppose quelque type d'exclusion et un manque de compréhension de l'évangile. Le chrétien doit toujours être ferment d'unité (amour) et jamais cause de discorde. Cela ne peut s'obtenir qu'en essayant toujours de privilégier ce qui nous unit et de dépasser ce qui nous sépare.

Vous m'avez souvent entendu parler des contradictions de l'évangile ; de fait nous en voyons clairement aujourd'hui.
- Mathieu (12, 30) dit exactement le contraire de ce que nous venons d'entendre chez Marc : « Qui n'est pas avec nous est contre nous, et qui n'amasse pas avec moi, dissipe ».
- Chez Luc nous trouvons les deux formules (10,50) et (11,23) ; de ce fait il n'y a pas moyen de départager.
- De plus, ces paroles de Jésus sont en contradiction avec ce qu'il dit lui-même en Mt 7,22 : « N'avons-nous pas prophétisé en ton nom et n'avons-nous pas expulsé beaucoup de démons ?...Je vous répondrai : je ne vous connais pas, éloignez-vous de moi, maudits ».

La contradiction n'est qu'apparente. Qui n'est pas avec moi est contre moi se rapporte au fait que l'appartenance au Royaume n'est pas quelque chose naturel, qu'elle ne vient pas avec l'ADN. Il faut un véritable effort pour y parvenir.

Rappelez-vous les phrases de l'évangile : »Le Royaume des cieux souffre violence et seuls ceux qui s'y efforcent y parviennent » ; et « étroit et difficile est le sentier qui mène à la vie et peu l'empruntent ». Pour entrer dans le Royaume, un cheminement est indispensable. Il faut naître de nouveau, et pour cela, il faut mourir à ce monde. Appartenir au Royaume est de la responsabilité de chacun, cela exige une attitude vitale qui dépend de chacun.

Qui n'est pas contre nous est pour nous. La phrase signifie que personne n'est exclu du Royaume. Tout individu qui cherche sincèrement le bien de l'homme est en faveur du Royaume de Dieu prêché par Jésus, même s'il ne le connaît pas. Celui-là seul qui rejette l'homme reste à l'extérieur.

La possession diabolique était le paradigme de toute oppression. Expulser les démons le paradigme de toute libération. A l'opposé de tous les mouvements religieux de l'époque, saducéens, pharisiens, Qumran, etc., Jésus annonce un Dieu qui est amour et ne rejette personne, même pas les pécheurs.

Prétendre à l'exclusivité de son dieu, a réduit à néant les meilleures initiatives religieuses de tous les temps. Considérer comme absolue toute idée de Dieu comme si elle était définitive, est la meilleure façon d'entrer dans le fanatisme et l'intransigeance. Monopoliser Dieu, c'est le nier. Mettre des limites à son amour, c'est le ridiculiser.

Notre religion a été plus loin qu'aucune autre dans cette prétention de vérité absolue. Rappelez-vous : « Hors de l'Eglise, point de salut ». Hors de l'Eglise, le salut existe, et plus parfois qu'à l'intérieur.

Rapportant un épisode semblable, et parce qu'on ne les avait pas reçus en Samarie, un disciple demande à Jésus qu'il fasse descendre le feu du ciel pour les détruire. Jésus se borne à dire : vous ne savez pas de quel esprit vous êtes. Deux mille ans plus tard, nous ne comprenons toujours pas l'esprit de Jésus. Nous persistons à vouloir défendre Dieu, sans nous rendre compte que nous sommes en train de défendre nos intérêts les plus méprisables.

Il ne s'agit pas simplement de tolérer le mal qu'il y a chez les autres. Il s'agit d'apprécier tout le bien qu'il y a chez eux.

Douze siècles séparent l'épisode de la première lecture (Nm 11,25-29) et celui que nous rapporte l'évangile, mais l'attitude est la même. Depuis l'évangile et aujourd'hui, vingt siècles ont passé, mais nous n'avons pas bougé d'un millimètre. Nous brandissons toujours le « il n'est pas des nôtres ».

Toute personne qui ose ne pas être d'accord, qui pense ou agit différemment, continue à être exclue. Nous nous en prenons même à celui ou celle qui se risque à penser.

Il faut le dire très clairement. L'idolâtrie théiste a été beaucoup plus nuisible à l'être humain que l'athéisme. Les pires horreurs de l'histoire ont été commises au nom de dieu. Un dieu qui récompense les bons et punit les méchants est une idole, l'équivalent du pire des tyrans. Un tel dieu nous tranquillise, c'est sûr, car s'il agit ainsi, nous sommes d'avance justifiés de faire la même chose.

L'esprit de Jésus va beaucoup plus loin que ce qu'embrasse le christianisme officiel. Dernièrement, l'expression « patrimoine de l'humanité » nous est devenue familière, et elle pourrait sans restriction aucune être appliquée à Jésus : le Christ n'appartient pas à l'Eglise. En réalité, le message de Jésus ne peut être enfermé dans aucune église ou congrégation religieuse. L'intention de Jésus est que toutes les religions, la sienne y compris, découvrent que leur unique objectif est de faire les êtres toujours plus humains. Toute religion qui n'a pas ce projet, est tout simplement fausse.

Dans l'évangile de Marc, que la cause de Jésus ne coïncide pas avec celle du groupe des douze, est un signe pour les chrétiens de tous les temps. Jésus n'est le monopole de personne. Tout ce qui est en faveur de l'homme est avec lui. Tout homme qui travaille pour la justice, la paix, la liberté, est chrétien. Rien de ce qui rend les hommes plus humains ne doit être étranger à un partisan de Jésus. Il est inquiétant que toutes les grandes religions aient été cause de divisions et de guerres.

Le moment est venu de changer les paramètres d'appartenance. Cessons de nous demander si nous « avons les papiers » de chrétiens, ou de bouddhistes ou de mahométans, et donnons plus d'importance à la question de savoir si nous luttons vraiment pour le bien de tout être humain. La jeunesse d'aujourd'hui va dans cette direction, c'est la raison pour laquelle elle critique notre religion et s'en éloigne. Les jeunes ne sont pas d'accord avec ce christianisme de pure forme qui ne nous oblige à rien et qui n'apporte que de fausses sécurités.

Celui qui scandalise un de ces petits..., »Petit » ne veut pas dire « enfant », mais quelqu'un dont la foi est à son début et qui n'est pas encore parvenu à une foi adulte.

Il ne s'agit pas non plus de scandale pour divergences doctrinales.
Ce sont les faits, et eux seuls, qui intéressent Jésus. Parmi les premiers chrétiens, la façon d'interpréter Jésus a été fort diverse, mais une même « praxis » les unissait tous. La manière de vivre est ce qui compte vraiment.

Si ta main te fait tomber...Ces phrases sont construites dans le style sémitique. La main, ou l'œil ou le pied ne pourront jamais te faire tomber. Ce dont il s'agit, c'est d'alerter sur l'importance d'être disciple et sur la relativité de tout le reste. Le but est de changer l'échelle de valeurs courante pour une autre qui soit en accord avec notre être véritable.

La main, le pied, l'œil, sont indispensables à l'action humaine. Plus indispensable encore est d'être au service du bien de l'homme.

Méditation-contemplation

Qui n'est pas contre nous est en notre faveur
et même si quelqu'un s'efforce d'être contre nous,
nous ne devons jamais être contre personne.

Si mon être véritable consiste en ce qu'il y de Dieu en moi,
ce qui nous unit sera toujours plus fort que ce qui nous sépare.

Chercher en tout être humain cette réalité qui nous unit,
voila la vraie tâche du disciple de Jésus.
Jamais le chrétien ne peut fomenter la division (le « désamour »).

Si accepter l'autre tel qu'il est me coûte,
C'est le signe que je n'ai pas encore compris l'évangile.
J'attends encore qu'il change afin de me sentir bien.
Puis-je imaginer que Dieu fasse de même avec moi ?

Texte de Fray Marcos
(Trad. Maurice Audibert)

vendredi 21 septembre 2012

Pour comprendre mieux la parole du Dimanche le 23 septembre 2012

25ème Dimanche du temps ordinaire – Année B
 

Première lecture : Sagesse 2,12,17-20
Psaume 53
Deuxième lecture : Jacques 3,16-4,3
Evangile : Marc 9,30-37
 



Pour aller plus loin

Détails :
 
-Le lapin gris éprouve le bleu. Il fait semblant de regarder ailleurs en détournant la tête, mais son regard observe les réactions du lapin bleu.
-Il tâte du doigt gauche le marteau, pour être sûr de sa dureté.
-Il siffle deux notes à la fois –ce qui est impossible, essaye !- il est double (entre son attitude innocente, et son action qui l’est moins.
-L’autre lapin, le bleu, celui qui bat le record du monde de saut en hauteur, ne dit pas un mot. Son silence fait moins de bruit que les deux notes du siffleur.
 
-Questions
 
-Cette parole de la Bible est la pensée du méchant qui veut éprouver le juste pour voir si Dieu l’assistera.
-M’est-il arrivé d’être éprouvé, provoqué par des gens qui voulaient voir ma réaction de chrétien(ne) dans telle circonstance ?
-Comment est-ce que je réagis à la violence qui m’est faite ? Quelles sont les limites à ne pas dépasser avec moi ? Est-ce que je demande à Dieu de m’assister dans ces moments ou bien est-ce ma nature qui prend le dessus ?
 
PS On notera que le lapin bleu accède vite au ciel, de cette façon-là...
 
 
 
 
 

RELISONS ENSEMBLE
Marc, 9, 30 - 37

30 Ils partirent de là et traversèrent la Galilée. Jésus ne voulait pas qu'on le sache, 31 car il enseignait ses disciples et il leur disait: «Le Fils de l'homme sera livré entre les mains des hommes; ils le feront mourir et, trois jours après avoir été mis à mort, il ressuscitera.»32 Cependant, les disciples ne comprenaient pas cette parole et ils avaient peur de l'interroger.

Petits et grands dans le royaume de Dieu

33 Ils arrivèrent à Capernaüm. Lorsqu'il fut dans la maison, Jésus leur demanda: «De quoi discutiez-vous en chemin?»34 Mais ils gardèrent le silence, car en chemin ils avaient discuté entre eux pour savoir qui était le plus grand.35 Alors il s'assit, appela les douze et leur dit: «Si quelqu'un veut être le premier, il sera le dernier de tous et le serviteur de tous.» 36 Il prit un petit enfant, le plaça au milieu d'eux et, après l'avoir pris dans ses bras, il leur dit: 37 «Celui qui accueille en mon nom un de ces petits enfants, c'est moi-même qu'il accueille, et celui qui m'accueille, ce n'est pas moi qu'il accueille, mais celui qui m'a envoyé.»


 
2. SON ENVIRONNEMENT...


L'Evangile de Marc est le plus ancien de nos 4 Evangiles. Un témoignage, datant du début du 2ème siècle, nous apprend que Marc aurait écrit son Evangile en qualité d'interprète de Pierre, avec qui il travaillait (voir 1 Pierre, 5, 13). Même si beaucoup pensent que Pierre n'a pas été l'unique source d'information de Marc, concernant les paroles et gestes de Jésus, l'on s'accorde aujourd'hui que cet Evangile a été écrit depuis Rome, par Marc, vers la fin des années 60, sans doute après la mort de Pierre (située vers 66 - 67).

Cet Evangile, centré sur le Règne de Dieu qui nous vient à travers la mission de Jésus, et que nous avons à accueillir en disciples de Jésus, se déroule en 6 grands épisodes, qui suivent le Prologue (1, 1 - 15). Ce Prologue nous présente la mission de Jean Baptiste, ainsi que le baptême, la tentation de Jésus, et son entrée dans son ministère, pour se conclure avec un résumé très synthétique du message de Jésus : "Les temps sont accomplis, le Règne de Dieu s'est approché. Convertissez-vous, et croyez à la Bonne Nouvelle". Ainsi se suivent ensuite les 6 grands épisodes : - Jésus se révèle avec autorité en Galilée (1, 16 - 3, 6), - Jésus est rejeté en Galilée (3, 7 - 6, 6a), - Les malentendus entre Jésus et ses disciples, en Galilée et ailleurs (6, 6b - 8, 21), - Jésus instruit ses disciples, alors qu'il monte vers Jérusalem (8, 22 - 10, 52), - Les premiers jours de la semaine, unique et finale, de Jésus à Jérusalem (11, 1 - 13, 37), - Fin de la semaine de Jésus à Jérusalem avec sa passion, sa mort et la découverte du tombeau vide (14, 1 - 16, 20).


Notre passage se situe dans la 4ème étape du ministère de Jésus, au cours de laquelle il instruit ses disciples et monte déjà vers Jérusalem.


3. CE QUE CE TEXTE NOUS DIT D'ABORD...


Jésus, en secret, dans l'intimité avec ses disciples, leur annonce pour la 2ème fois sa passion, sa mort et sa résurrection. Paroles sans impact, non comprises et créant la peur de poser des questions ou des demandes d'explication.

Par contraste, les disciples semblent très à l'aise pour discuter entre eux de projets humains , ou partager leurs ambitions, cherchant ainsi à se valoriser, et se mettant en compétition les uns face aux autres : qui parmi eux serait le plus grand ?

C'est finalement par une leçon de choses que Jésus, après leur avoir reprécisé que c'est la situation la plus humble de serviteur des autres - celle-là même qu'il va vivre en sa passion - qui est, à ses yeux, la première, tente de faire pénétrer son message en leurs coeurs : l'être alors méprisé qu'était à leurs yeux un enfant, en situation de dépendance et donc incapable de vivre par lui-même, leur est présenté par Jésus comme sa propre image, qu'il leur faut accueillir comme si c'était lui en personne. En effet, accueillir un enfant, c'est l'accueillir, et, à travers lui, accueillir Dieu le Père lui-même.


4. CE QUE CERTAINS ELEMENTS NOUS SUGGERENT...



Cette 2ème annonce de la passion est la moins détaillée des trois déclarations de ce genre qui sont mises dans la bouche de Jésus. Elle est donc, de ce fait, considérée par beaucoup comme la plus authentique. A noter qu'en toutes ces annonces, c'est toujours en tant que "Fils de l'homme" que Jésus souffrira et ressuscitera.

Jésus continue d'enseigner ses disciples, en se basant sur ce qu'il constate de leurs comportements et de leurs réactions. Leur discussion entre eux, pour savoir quel est le plus grand parmi eux, montre à l'évidence qu'ils n'ont encore rien compris de ce que cela veut dire "être disciples" du Messie tel que Jésus se présente : à savoir qu'il leur faudra, comme lui, devenir serviteurs-esclaves de tous, y compris des membres les plus petits et les moins estimés de la communauté humaine, que représente l'enfant qu'il prend devant eux, et cela selon un renversement radical des valeurs recherchées dans les sociétés humaines.

A l'époque de Jésus, l'enfant est interprété, non en termes de pureté et d'innocence, mais d'incapacité et de dépendance.


Nous ne pouvons pas manquer d'être frappés par les contrastes de ce passage :

- c'est le "Fils de l'homme", image triomphante et glorieuse, reprise de Daniel 7, d'un "fils d'homme qui vient sur les nuées du ciel" et à qui tout pouvoir est remis, image sous laquelle Jésus se désigne très fréquemment à la troisième personne, c'est ce "Fils de l'homme" qui va être livré à la furie des hommes et aux païens qui ne manqueront pas de le traiter comme un sédicieux et un révolutionnaire et le crucifieront. Jésus est conscient du risque qu'il prend à continuer d'annoncer son message et de se comporter avec sa grande liberté face aux interprétations de la Loi admises par les autorités de son temps, face en particulier à la manière dont il déclare que le "Sabbat est fait pour l'homme et non pas l'homme pour le Sabbat". Il sait que s'il continue ainsi - ce qu'il est décidé à faire - il n'échappera pas à l'arrestation et à la condamnation, mais en cela il se remet à son Père avec une confiance absolue, qui le fait envisager sa victoire de Ressuscité.

- autre contraste : celui du "sérieux" de de la réflexion de Jésus annonçant une deuxième fois son "destin dramatique" et de la "frivolité" de ses disciples qui ne pensent qu'à se hisser à une première place, à se mettre en valeur, à chercher une réussite humaine : d'où la leçon d'humilité que leur donne Jésus, qui valorise la position de "petit", de "Serviteur", et les invite à l'accueillir comme tel, en s'identifiant lui-même à un enfant, donc à une personne dépendante et sans valeur.

- contraste entre deux conceptions du Messie : du fait que les disciples envisageaient le Messie comme personnage royal, nouveau David qui libèrerait Israël de tous ses ennemis, on peut comprendre qu'ils se voyaient à des places de choix autour de Jésus, considéré ainsi et dans un royaume tout humain. En les invitant à devenir "serviteurs" et à se mettre à la dernière place, donc à changer leur regard sur eux-mêmes, Jésus leur demande en même temps de changer leur regard sur le Messie qu'il est et qui va se révéler dans sa dimension de Serviteur, et même de Serviteur souffrant, en accomplissement du texte prophétique d'Isaïe 52, 13 - 53, 12. Il leur faut donc accepter Jésus tel qu'il se présente, d'où son identification à un enfant dépendant et, pour eux, méprisable. Les Evangiles nous montrent qu'ils ne comprendront cette dimension de Jésus qu'après sa résurrection : il leur dira alors, à partir des Ecritures qu'il "fallait" que le Messie connût ce destin pour sauver l'humanité entière livrée au péché et à l'égoïsme des hommes vivant à partir d'eux-mêmes et pour eux-mêmes.

- Notre regard sur nous-mêmes va de pair avec notre regard sur Dieu et notre regard sur Jésus, que nous sommes tentés de définir ou d'imaginer à partir de nous-mêmes, de nos projections mentales, de nos désirs et souhaits de réussite humaine. Jésus nous demande de chercher à l'accueillir, et à travers lui, Dieu, en vérité. Nous sommes ainsi renvoyés à la question fondamentale : "que cherchons-nous ?" Nos petites réussites humaines limitées ou Dieu tel qu'il vient à nous, se révèle à nous et nous invite à le rejoindre par Jésus dans l'Esprit ?

5. RESONNANCES BIBLIQUES ET ACHEVEMENT POUR NOUS EN JESUS CHRIST...



L'exemple de l'engagement de Jésus, imité par celui de Paul, et donc à imiter par nous :


Lc 22:25- Il leur dit : " Les rois des nations dominent sur elles, et ceux qui exercent le pouvoir sur elles se font appeler Bienfaiteurs.
Lc 22:26- Mais pour vous, il n'en va pas ainsi. Au contraire, que le plus grand parmi vous se comporte comme le plus jeune, et celui qui gouverne comme celui qui sert.
Lc 22:27- Quel est en effet le plus grand, celui qui est à table ou celui qui sert ? N'est-ce pas celui qui est à table ? Et moi, je suis au milieu de vous comme celui qui sert !


2Co 8:9- Vous connaissez, en effet, la libéralité de notre Seigneur Jésus Christ, qui pour vous s'est fait pauvre, de riche qu'il était, afin de vous enrichir par sa pauvreté.


1Co 9:19- Oui, libre à l'égard de tous, je me suis fait l'esclave de tous, afin de gagner le plus grand nombre.
1Co 9:20- Je me suis fait Juif avec les Juifs, afin de gagner les Juifs ; sujet de la Loi avec les sujets de la Loi - moi, qui ne suis pas sujet de la Loi - afin de gagner les sujets de la Loi.
1Co 9:21- Je me suis fait un sans-loi avec les sans-loi - moi qui ne suis pas sans une loi de Dieu, étant sous la loi du Christ - afin de gagner les sans-loi.
1Co 9:22- Je me suis fait faible avec les faibles, afin de gagner les faibles. Je me suis fait tout à tous, afin d'en sauver à tout prix quelques-uns.
1Co 9:23- Et tout cela, je le fais à cause de l'Évangile, afin d'en avoir ma part.


6. CHEMIN DE PRIERE...
Toujours en Galilée, enseignant tes disciples,
Tu parcours le pays à les entretenir,
A l'écart de la foule, au long de ce périple,
Sur ce que tu pressens de ton "Heure" à venir...

Comment toi, Fils de l'homme envoyé par le Père,
Peux-tu envisager d'être aux hommes livré
Pour un destin de mort, en demeurant Lumière
Qui offre le salut à ceux qui t'ont trouvé ?...

On a beau te "livrer", tu reçois un baptême :
Certain qu'en ton échec tu vis l'achèvement
D'un mystérieux dessein, tu te remets toi-même
Au bon vouloir du Père accepté librement...

Sauront-ils donc un jour se mettre à ton école
Tes disciples perdus dans d'autres discussions,
Qui, sans avoir perçu le sens de tes paroles,
Recherchent, semble-t-il, honneurs et promotions ?...

Dès qu'à Capharnaüm, au lieu où tu résides,
Te voici parvenu, les Douze tu instruis :
Il doit se renoncer qui, pour toi se décide,
Le dernier rang choisir et le camp des petits...

Pour rencontrer le Père, il faut que je t'accueille,
Comme un de ces enfants que tu tiens sur ton coeur,
Et qu'à mon tour je prends, pour autant que je veuille
De tous les méprisés t'imiter Serviteur...

22.09.91


 

 

25eDimanche T.O., Marc 9, 30-37

« De quoi discutiez vous en chemin ? »
Jésus fait route à travers la Galilée. Il peut se faire le plus discret possible, car il a entrepris d’instruire plus personnellement ses disciples proches des projets de Dieu sur lui. Et après cette deuxième annonce de la passion, ses disciples craignent de l’interroger, comme si cette révélation de la passion prochaine était pour eux un secret impossible à porter, comme si les souffrances à venir projetaient déjà leur ombre, l’ombre de l’échec, sur leur vie quotidienne avec Jésus.
Mais une fois arrivés à la maison de Capharnaüm, Jésus, lui, ne va pas craindre de leur demander : « De quoi discutiez-vous en chemin ? » ; qu’est-ce qui occupait votre esprit ? Quel est le souci que vous portiez ensemble ? Et les disciples se taisent, gênés, car, ensemble, ils avaient tourné le dos à la passion du Maître. Comme pour oublier le chemin des souffrances, ils avaient fait des projets de grandeur, et avaient commencé à se comparer entre eux.
Jésus répond d’abord en rectifiant l’image qu’ils se font d’eux-mêmes : la vraie grandeur, selon l’Évangile, est de se faire le dernier de tous. Non pas d’être au-dessous de tout, mais de se placer au-dessous de tous ; non pas pour se faire remarquer par une humilité trop voyante, mais simplement en se mettant en position de servir tous ses frères. Alors, lorsque dans la famille ou la communauté, Jésus nous met ou nous laisse à la place du service, du dévouement, de la gratuité, à la dernière place, nous ne disons plus : « On me prend ma vie », mais : « C’est bien ainsi ; c’est la place qui me revient ».
Seul ce réflexe de l’humilité et du service, du service humble et de l’humilité active, nous permettra à longueur de vie d’accueillir chaque homme comme un frère de Jésus. Et le geste prophétique de Jésus amenant un enfant au milieu des disciples et l’entourant de ses bras, veut souligner justement ce lien entre l’humilité et la capacité d’accueil.
Quand on ne se soucie plus d’être le plus grand, on s’ouvre à l’accueil, même du plus petit. Accueillir un frère au nom de Jésus, c’est lui faire place dans notre vie, en nous référant à la personne de Jésus et son œuvre, à ce que Jésus est pour ce frère et fait pour lui.
Et dans la pensée de Jésus, l’enfant est une parabole vivante : on l’accueille sans regarder s’il le mérite, avant même qu’il puisse le mériter, simplement parce qu’il a besoin d’être accueilli. Tel est bien l’accueil que Jésus nous demande pour le plus petit, pour le plus insignifiant, le moins valable apparemment, des frères qu’il nous envoie.
Et finalement, c’est cette idée de l’envoi qui illumine la parole de Jésus sur l’accueil. Dieu envoie Jésus, et Jésus m’envoie le frère. C’est la cascade de l’envoi, de la mission. Et c’est l’accueil qui me fera remonter la cascade jusqu’à la source, à travers le frère je remonte à Jésus, avec Jésus je remonte au Père :
« Quiconque m’accueille, dit Jésus, ce n’est pas moi qu’il accueille, mais Celui qui m’a envoyé ».
Fr. Jean-Christian Lévêque, o.c.d.


25ème dimanche du temps ordinaire
De quoi discutez-vous ?
Marc 9, 30-37
Sagesse 2, 12-17

"Le Fils de l’homme est livré aux mains des hommes ; ils le tueront et, trois jours après qu’ils l’aient tué, il ressuscitera". Dans un contexte confidentiel, Jésus livre une parole grave aux disciples. Eux ne comprennent pas, n’osent pas l’interroger, ils n’entendent pas. Pourtant comme nous ils sont concernés par cette déclaration solennelle.
"De quoi discutiez-vous en chemin ?" Nous restons étonnés, embarrassés par la disproportion entre l’annonce de Jésus et la dispute des disciples. "Ils se taisent car ils se sont querellés pour savoir qui est le plus grand !" Comme des gamins les disciples comparent leurs attributs, mesurent leurs avantages, évaluent leur chance de gagner. Le sort du fils de l’homme n’est pas leur affaire. Ils retournent à leur match.
Le passage de la Sagesse nous décrit la mise à l’épreuve du juste. Non pas par Dieu mais par "ceux qui méditent le mal". Rien n’a changé depuis la déclaration du sage et la Passion du Christ. L’homme juste dérange, fait du tort — par sa nature même. Alors il est nécessaire de s’en défendre pour persister à vivre sans Dieu. On va lui tendre des pièges, le tourmenter, surtout mettre Dieu au défi de le sauver. Il contrarie, il gêne, parce qu’il n’est pas pareil. En vérité, il est fondamentalement différent. Pas comparable. Lui a décidé de servir. Il n’est pas en concurrence de pouvoir mais de générosité. Son zèle est pour la vie et le salut de l’autre, de tous les autres. Il est livré aux mains des hommes qui se bagarrent. Qui est le premier, le plus grand, le plus fort, le plus malin ? Leur but, pouvoir dire : Moi, j’en ai plus que toi ! Où que nous nous trouvions, en famille, au travail, en communauté… Qu’il s’agisse d’humanitaire, de politique, de culture, de religion… Nous sommes au milieu de gens qui veulent seulement se glorifier, se placer. "Tout le jour ils entretiennent la guerre" (Ps 39). De l’offensive habituelle et sournoise — sourde et peu visible — jusqu’aux conflits internationaux.
Jésus ainsi que la Sagesse et d’autres textes dans la bible me disent que le juste est livré aux mains des hommes. L’Écriture se fait mon interlocuteur. Comme toujours, il est question de moi, il s’agit de ma situation. Alors, quelle est ma place ? Je rivalise avec ceux "qui méditent le mal", je joue mon rôle dans ce concours ? Ou bien je m’expose à l’épreuve et à la condamnation ? Livré c’est à dire remis, cédé, mais aussi offert… entre les mains des hommes. "Aux mains des hommes, ils le tueront". Les gosses s’amusent avec le cadeau et finissent par le bousiller.
Chair livrée, sang versé. Voilà donc mon destin et le risque que je cours. "Ils le tueront, Dieu le délivrera". Jésus, le juste parmi les justes, le premier, l’aîné nous ouvre le chemin. Ne craignions pas ces gamins qui nous environnent. Livré, Dieu me délivre. Ce n’est plus un destin mais ma vocation : celle d’être un homme. Voué à Dieu et dévoué aux hommes. "Le dernier de tous, le serviteur de tous". Que m’importent leurs compétitions infantiles ! Que m’importent leurs condamnations ! Uni à la Passion du Fils, je choisis constamment cette voie de la vérité quoiqu’il arrive. Vérité plus haute que moi, qui vient de plus loin. De celui qui me fait vivant de la vie que nul ne pourra me ravir.
"De qui aurais-je crainte ?"
Jean Pierre Brice Olivier 09 06






Qui est le plus grand: Marc 9/30-37 dimanche 20 septembre 2009



30Partis de là, ils traversaient la Galilée, et il ne voulait pas qu'on le sache. 31Car il instruisait ses disciples et leur disait : Le Fils de l'homme est sur le point d'être livré aux humains ; ils le tueront, et, trois jours après sa mort, il se relèvera. 32Mais les disciples ne comprenaient pas cette parole, et ils avaient peur de l'interroger.
Qui est le plus grand ?

33Ils arrivèrent à Capharnaüm. Lorsqu'il fut à la maison, il se mit à leur demander : A propos de quoi raisonniez-vous en chemin ? 34Mais eux gardaient le silence, car, en chemin, ils avaient discuté pour savoir qui était le plus grand. 35Alors il s'assit, appela les Douze et leur dit : Si quelqu'un veut être le premier, qu'il soit le dernier de tous et le serviteur de tous. 36Il prit un enfant, le plaça au milieu d'eux et, après l'avoir pris dans ses bras, il leur dit : 37Quiconque accueille en mon nom un enfant, comme celui-ci, m'accueille moi-même ; et quiconque m'accueille, ce n'est pas moi qu'il accueille, mais celui qui m'a envoyé.


Ce ne sera une surprise pour personne si je dis que Jésus n’approuverait pas le fonctionnement de notre société. Il la trouverait en parfaite contradiction avec ce qu’il a essayé de nous inculquer dans son Evangile. Il préconisait en en effet de corriger les erreurs de ce monde en favorisant ceux qui avaient le moins de chances. C’est pour cela qu’il s’est permis de faire des miracles pour guérir les malades qui n’avaient aucune chance de vivre normalement dans la société de son temps. Il s’efforçait de redonner une chance à ceux qui avaient été victimes d’injustices. C’est ainsi qu’il rendit sa dignité à la femme prostituée et qu’il permit à la femme adultère condamnée à mourir, de conserver la vie. Le malade mental ainsi que le lépreux retrouvèrent leur place dans la société des humains. Voilà quelques exemples relevés dans l’Evangile pour que nous comprenions que Jésus préconisait une société qui aurait fonctionnée à l’inverse de la nôtre.

Nous avons cependant du mal à comprendre ce qu’il veut nous dire quand il prend un enfant dans ses bras et le propose comme exemple de ce qu’il faut faire pour devenir grand dans notre monde. Nous avons du mal à comprendre, car aujourd’hui, les enfants sont au centre des préoccupations de notre société. L’enfant est devenu roi dans un monde où tout tourne autour de lui. Il est devenu le type même de consommateur que les marques cherchent à séduire tant il a pris de l’importance pour orienter le goût de ses propres parents.

Pourtant, si l’enfant est roi dans les sociétés favorisées, il ne l’est pas dans les sociétés défavorisées si bien qu’à côté du monde des enfants rois, il y a aussi le monde des enfants victimes. Dans les sociétés les plus défavorisés, les enfants souffrent plus que les adultes de la soif, de la faim et des maladies..

Il fallait faire le point sur la situation de l’enfant dans nos sociétés post-moderne pour comprendre l’attitude de Jésus. Il prend un enfant en exemple pour montrer le chemin que l’on doit suivre si on veut devenir grand. Dans la société de Jésus l’enfant n’avait pas un sort enviable. Il était le plus souvent considéré comme une charge. Il était avant tout une bouche de plus à nourrir. On le faisait travailler très tôt pour un salaire inexistant, c’est ainsi qu’il fournissait une main d’œuvre peu coûteuse dont on avait tendance à abuser. Victime de la mauvaise alimentation et de l’hygiène déficiente, beaucoup mouraient en bas âge. Sans doute l’enfant, était-il aimé par ses parents, comme tous les enfants du monde, mais il n’était pas choyé comme aujourd’hui. Les chagrins que causait la mortalité infantile poussaient les parents à ne pas trop s’attacher aux tout petits dont beaucoup ne survivaient pas à la petite enfance.

C’est donc dans ce contexte que Jésus intervient en plaçant un enfant devant eux à titre d’exemple. On se demande alors en quoi un enfant aurait-il pu donner un exemple de grandeur ? Un enfant n’avait pas d’instruction et il n’avait aucun savoir. Une société faite seulement d’enfants aurait été vouée à une disparition certaine. Même si on s’appuie sur les autres évangiles pour éclairer celui-ci et que l’on considère, comme le fait l’Evangile de Matthieu, que la grandeur dont il s’agit est celle que donne la foi en Dieu, on ne voit pas en quoi les enfants pourraient nous mettre sur le chemin de la sagesse spirituelle qui plairait à Dieu ? Comment pourrait-on être grand aux yeux de Dieu en se comparant à un enfant ?

En fait les enfants ne sont pas des adultes en miniature. Ils ne pensent pas comme des adultes, ils ne réagissent pas non plus comme eux. Ils ont un comportement qui leur est propre. Ils ont en particulier une faculté d’émerveillement que n’ont pas les adultes. En contrepartie, les adultes ont le savoir et la science ou la sagesse dont ils font beaucoup de cas en matière spirituelle. Aujourd’hui, comme jadis à l’époque de Jésus, on donne un enseignement religieux aux enfants pour qu’ils puissent acquérir les notions élémentaires de la foi. Pour faire partie d’une communauté chrétienne, encore aujourd’hui, ne faut-il pas avoir franchi les étapes du catéchisme et avoir fait ses premiers pas comme catéchumène ?

Des adultes dûment patentés sont chargés d’enseigner les enfants, ils sont à la fois des enseignants et des gardiens de la tradition. C’était la même situation à l’époque de Jésus. Il était nécessaire de connaître les 616 articles de la Loi ou tout au moins les dix commandements qu’il fallait respecter, pour espérer communiquer avec Dieu et grandir dans la foi. C’est sur ce point que Jésus semble en désaccord avec nous et avec les adultes de son temps. Il semble contester le fait que pour être un homme de foi il faille avoir acquis l’expérience auprès de plus savant que soi.

L’enfant plus que l’adulte sait observer ce qui se passe en lui. Il découvre très vite que son cœur est habité de pensées bonnes et de pensées mauvaises. Il sait aussi que des sentiments parcourent son âme. Il a un sens de la beauté, de la justice, de la droiture. Mais il ne sait pas mettre un nom sur l’origine de ces phénomènes, il ne sait pas que Dieu travaille en lui, mais il en constate les effets dans sa naïveté. Pourtant, très vite les adultes interviennent pour expliquer ces mystères et pour lui indiquer la bonne voie à suivre et l’enfant perd sa candeur. Très vite ses parents puis ses enseignants vont lui apprendre à maîtriser le cours de sa vie intérieure, et ils vont lui enseigner en même temps tout ce qu’il faut savoir sur Dieu sur le péché sur la loi et l’enfant passe de la spontanéité enfantine à la raison de l’adulte.

L’enfant va alors apprendre ce que les hommes savent depuis des siècles sur Dieu, et c’est ainsi qu’il deviendra un adulte bien élevé et un croyant honnête face à Dieu. Mais Jésus trouve que les choses vont trop vite et que l’on ne s’arrête pas assez sur cette naïveté qui permet d’entendre Dieu et de le repérer avant même qu’on l’ait enseigné..

Ainsi sans que les adultes, parents ou éducateurs s’en souviennent leur premier contact avec Dieu s’est fait à partir d’expériences de vie intérieure qu’ils ont faites quand ils étaient enfants et qu’ils ont gardées pour eux-mêmes, dans l’incapacité qu’ils étaient de pouvoir l’exprimer. Ce Dieu tout à l’intérieur d’eux-mêmes a bien vite fait place grâce à l’éducation à un Dieu extérieur à eux-mêmes qui avait les apparences que le monde des adultes avait bien voulu lui donner.

Quelle que soit la façon dont les enfants entendent parler de Dieu par les adultes, cela se passe toujours de la même manière. Les adultes donnent une information sur Dieu sans se soucier des expériences que peut avoir eut le petit enfant dans sa vie intérieure.

Jésus sait bien, quant à lui, que ce sont les expériences de la vie intérieure qui nous amèneront les uns et les autres à une connaissance personnelle de Dieu. Il invite donc ceux qui l’écoutent à une faire une descente au fond d’eux-mêmes avec la même naïveté que le ferait un enfant qui ne sait pas encore s’exprimer et qui découvre que « ça » parle au fond de lui.

Il nous invite donc à retrouver une spontanéité intérieure. Elle a été altérée par ce que l’éducation nous a apporté et qui a fait de Dieu une réalité extérieure à nous-mêmes, si bien que nous ne savons plus très bien entendre quand il s’adresse à nous au plus profond de notre âme. Jésus ne méprise pas pour autant l’enseignement de la loi, il ne rejette pas la tradition rapportée par les ¨Pères dans la foi, elles sont des guides indispensables pour nous faire progresser en sagesse. Mais il dit aussi que nous ne pouvons pas progresser dans la foi si nous n’essayons pas de converser avec Dieu dans notre intimité, là où personne ne peut nous accompagner ni venir avec nous.

Si aujourd’hui beaucoup d’hommes se détournent de Dieu, c’est parce qu’on leur a enseigné à se référer à un Dieu qui parle à l’extérieur d’eux-mêmes .

Année B: Dimanche 25e semaine ORDINAIRE (Litbo25d.12).
Marc 9, 30-37 : devenir icône de Jésus.   

Qui d'entre nous se lève le matin en se demandant comment évangéliser le monde ? Comment le diviniser, le rendre icône de Dieu ? Et puis savons-nous ce qu'est diviniser le monde ? Jésus nous en offre le chemin ce matin. Le plus grand sera le plus petit, le dernier sera premier, le maître se fera serviteur, le plus faible sera le plus fort. Ce chemin est renversant. Il est à l'opposé de la mode tendance de nos manières de vivre. Ce chemin est une annonce de ce qui attend Jésus. Le Fils de l’homme est livré aux mains des hommes, ils le tueront et, trois jours après sa mort, il ressuscitera (Mc 9, 30-31).Il est aussi une confirmation qu'il se tient au milieu de nous comme celui qui sert. Confirmation de l'humilité de Dieu.

Jésus dénonce ce qu'il observe chez ses disciples: leur désir de rechercher la visibilité et le pouvoir, ce que l'évangile appelle la première place. La première préoccupation de l'équipe initiale de Jésus n'était pas d'ordre mystique, ni spirituel, ni pastoral, mais un "plan de carrière".  Avouons-le, comme eux, nous ne sommes pas attirés par la dernière place sauf peut-être quand nous venons à l'église. En nous, humains, il y a une pulsion à se faire remarquer, pulsion vers l'ascension sociale et cela -ça devrait nous encourager, nous rassurer- se retrouvait aussi parmi les disciples appelés pourtant à devenir des colonnes de l'Église. Eux aussi, comme nous, se disputaient pour la première place. 

Jésus, avant de les envoyer annoncer son Évangile, leur propose quelque chose de différent qui transcende nos tendances spontanées et nous transcende. Les grands leur font sentir leur pouvoir. Parmi vous, il ne doit pas en être ainsi. Cela a dû les piquer au vif. La loi du monde est celle du plus fort, vient de nous démontrer les lectures du livre de la sagesse et celle de saint Jacques. D’où viennent les guerres, d’où viennent les conflits entre vous ? N’est-ce pas justement de tous ces instincts qui mènent leur combat en vous-mêmes ? La loi de Dieu est celle de se courber vers le plus bas.

Cette parole-chemin, cette parole-invitation de nous courber vers le plus bas et qui peut éveiller à la foi notre entourage qui ignore presque tout de Jésus, est-elle pour nous, oui ou non, une bonne nouvelle ? Cette parole-chemin a-t-elle encore la première place dans nos vies ? Si cette parole-chemin prend tant d'importance dans notre foi, c'est que l'infiniment grand, Jésus, s'est rendu infiniment petit.  Notre foi chrétienne est celle d'un Dieu qui s'est fait enfant, d'un Dieu qui s'est humblement et amoureusement courbé pour nous étreindre (François d'Assise). Il nous faut nous débarrasser de l'image d'un Dieu écrasant, inatteignable, inattaquable. Le seul langage pour annoncer Dieu, le dire à notre monde, est celui de la contemplation du mystère de sa petitesse.

Pour nous expliquer cette parole-chemin, Jésus se sert d'un enfant. Dieu se révèle à nous non comme un dominateur absolu, un Dieu tout puissant, mais comme un enfant sans pouvoir aucun, un Dieu «impuissant», fragile.  Tellement fragile ce Dieu qu'on le livrera aux mains des hommes, qu'ils le tueront. Marc ajoute, et cela est vrai aussi pour nous : les disciples ne comprenaient pas ces paroles (Mc 9, 32). Nous n'aurons jamais fini d'entrer dans cette parole-chemin, mystère central de notre foi qui nous est présenté ce matin et qui est là devant nos yeux dans cette eucharistie.

Dieu se cache dans ce qu'il y a de plus humble, de plus petit. Dieu est discrétion. La discrétion est un signe d’une grandeur d’âme. Et quoi de plus discret, de plus petit que ces miettes de pain de l'eucharistie ? Ô admirable stupéfaction, s'écrie un François d'Assise dans sa lettre à tout l'ordre, # 29 : le Seigneur de l'univers s'humilie au point de se cacher pour notre salut sous une modique forme de pain. Voyez, mes frères, l'humilité de Dieu. Et il ajoute : ne retenez rien pour vous afin que vous reçoive tout entier Celui qui se livre à vous tout entier.

Jésus veut et désire fortement que nous atteignons la première place, non pas celle que nous soupçonnons, celle de l'ascension sociale, mais celle de l'intensité relationnelle avec lui, celle des grandeurs de son humilité, de son abaissement, de sa manière de vivre. C'est ce même apôtre Jacques qui nous invite à nous souvenir de ce proverbe : Dieu résiste aux superbes et donne sa grâce aux humbles (Jc 4, 6). AMEN.


C'est ce secret de vie si contraire à l'esprit du monde qui ne songe qu'à profiter (terme mercantile s'il en est !) de la vie, c'est ce secret de vie dont Jésus veut s'entretenir avec ses disciples qu'il instruit par conséquent loin de la foule. L'incompréhension des disciples n'est pas levée pour autant, seule la participation vivifiante au mystère pascal de Jésus peut en effet illuminer le croyant de ce secret de vie. Devant une affaire aussi grave et aussi décisive, Jésus cependant donne le temps qu'il faut à notre vie pour pénétrer peu à peu dans le Mystère. Entré dans la demeure, voilà qu'il s'assied maintenant et appelle les Douze autour de lui : le Maître veut donner ici un enseignement fondamental, vital. Parole et geste vont s'y employer.
La sentence de Jésus est une invitation à renverser complètement la perspective habituelle de l'homme à l'égard de la vie. Il ne s'agit pas de s'en servir mais de la servir, de se l'approprier mais de la recevoir, de l'utiliser mais de l'offrir, de l'asservir à nos instincts de domination mais de la laisser abonder dans l'abandon. Une seule disposition est requise à cette fin : être comme Jésus qui se reçoit du Père et obéit à son dessein de vie, être le dernier, le plus petit, pour avancer vers Celui qui est "le premier" et pour grandir dans "le plus grand". C'est ainsi seulement que ce chemin de l'homme qui conduit tout droit à la mort ne sera pas la négation de son désir de vie mais bien son accomplissement.
Désir et espérance de vie qui ne saurait mieux se représenter que par le visage de ce petit enfant que Jésus embrasse et place au milieu des Douze. Comme Jésus "livré aux mains des hommes", le petit enfant sans défense devant les puissances de mort de ce monde doit orienter notre regard et notre cœur sur le chemin de vie. Loin de tout sentimentalisme et de toute idéalisation de l'enfance, le geste de Jésus indique que c'est précisément ce qui d'ordinaire ne compte pas aux yeux des hommes, ce sur quoi on ne prête pas attention, ce qui est sans importance aucune, c'est cela qui doit désormais se trouver au cœur de la vie du croyant et au milieu de la communauté chrétienne, à l'opposé par conséquent des hiérarchies de valeur que fabrique ce monde. Cette attention de l'esprit et du cœur à ce qui ne compte pas aux yeux des hommes ainsi qu'aux plus petits fait alors participer le croyant au mystère filial de Jésus et par là, à l'avènement de son Royaume (v.36). Qui se soustrait et qui est effacé à toute considération "mondaine", celui-là laisse transparaître le visage du Christ et Celui qui l'envoie. Qui se soustrait et qui est effacé à toute considération mondaine, celui-là sait voir et vivre de cela seul qui importe en vérité à notre vie, il sait voir le caché du mystère de la vie, il est disciple de Jésus en son chemin de vie.


Depuis dimanche dernier, depuis l’annonce par Jésus de ce que cela implique d’être le Messie, une crise profonde se développe entre les disciples et Jésus, une crise qui peut voir l’éclatement du groupe. Aussi dans ce passage de l’Evangile de Marc, nous découvrons ce que déclenche cette crise dans les relations entre Jésus et ses disciples, entre les disciples eux-mêmes. Nous verrons aussi comment le Seigneur réagit. Laissons-nous instruire pas à pas par la Bonne Nouvelle…
 
« Jésus traversait la Galilée avec ses disciples » Il ne faut plus imaginer un groupe triomphant, ouvert. Ce groupe a du mal à communiquer, à échanger. Le Seigneur tient sa position, il enseigne, nous pourrions même dire qu’il rabâche. Marc laisse se redire la litanie des souffrances du Christ jusqu’à la Résurrection « Le Fils de l'homme est livré aux mains des hommes ; ils le tueront et, trois jours après sa mort, il ressuscitera. » Mais les disciples ne comprennent pas, ils n’osent même plus interroger Jésus, ils se replient sur eux-mêmes, ils ne se retrouvent qu’entre eux, loin des autres qu’ils rencontraient sur les chemins jadis, qui les accueillaient dans l’attente des miracles, des paroles consolantes, ils se retrouvent également loin de leur Seigneur qui les guidait et qu’il suivait de bon cœur. C’est dans ce contexte qu’il faut comprendre le surgissement de la question qui les habite : savoir qui est le plus grand… C’est une question qui se pose lorsque désemparé un groupe ne fonctionne plus, que ce groupe recherche ce qui lui permettrait de subsister, de se retrouver, de pouvoir se fédérer, de garder sa consistance, sa structure, sa hiérarchie. C’est une question de survie, de trouver les moyens de survivre… En fait, en faisant cela, ils abandonnent le Seigneur, ils se ferment à lui, cherchent ailleurs qu’avec Lui leur salut. La Passion a déjà commencé. Jésus commence à être séparé, à être tué par les siens…
 
« Une fois à la maison » Jésus sait ce que veut dire être le Messie de Dieu, il sait aussi ce que l’homme est, ce qu’il devient dans les épreuves. Il connaît notre faiblesse, notre volonté désespérée de survivre par nous-mêmes, de pouvoir sacrifier l’un pour sauver l’autre. A la maison, un lieu connu de tout le groupe, un lieu où ont été vécues l’amitié, la joie, l’espérance, Jésus offre les moyens d’un réconfort. Il les rassemble, il leur parle, il parle aux Douze. Mais il ne dit pas des choses différentes de ce qu’il leur a déjà dit. Il dit ce qui donne la vie, la vie à la personne, la vie au groupe, ce qui lui-même a vécu, ce qu’il vit encore… « Si quelqu'un veut être le premier, qu'il soit le dernier de tous et le serviteur de tous. » Il ouvre le chemin nouveau qui permet la vie, qui donne de sauver tous et chacun : le service… Le service n’exclura personne, l’offrande libre de soi est la réponse qui sauve tout le monde, qui arrête la violence, qui permet de ne pas sacrifier l’autre pour se sauver, puisque je me donne librement. Jésus est sur son chemin. Un chemin où il invite ses disciples, où il nous invite… à sa suite. Mais pouvons-nous prendre ce chemin ? Ne devons-nous pas être encore aidés ? Sa parole suffit-elle à nous entrainer ?
 
« Il le plaça au milieu d'eux » Jésus vient de nous montrer le chemin. Maintenant, il nous indique comment le prendre. Où se trouve la porte ? Que devons-nous faire pour cela ?… « Celui qui accueille en mon nom un enfant comme celui-ci, c'est moi qu'il accueille. Et celui qui m'accueille ne m'accueille pas moi, mais Celui qui m'a envoyé. » Voilà l’entrée : savoir accueillir comme je suis, avoir la grâce de m’ouvrir, de recevoir, il n’y a aucun préalable, un simple mouvement de ma part, la reconnaissance que je ne puis pas me sauver seul, que j’ai besoin de faire confiance… Cette attitude qui vivait en moi au tout début de mon existence, lorsque j’étais un enfant plein de vie, le regard droit dressé… Jésus embrasse cet enfant, il l’accueille tendrement… J’entre dans une nouvelle sociabilité à base de gratuité, j’entre en relation avec Celui-là même qui m’a donné la vie, qui me donne la vie, la vie que je reçois comme elle est, un don ! Donne-nous Seigneur de vivre en Toi !





MÉDITER : Appliquer ce que le texte dit à la vieOn ne sait pas trop bien si admirer plus la certitude avec laquelle Jésus prévoyait sa mort ou, plutôt, sa clairvoyance pour deviner sa propre tragédie ou, même, l’incapacité de ses disciples à comprendre les paroles prophétiques de Jésus. Nous, aujourd’hui, ne pouvons guère comprendre l’inquiétude qui les empêcha de lui demander sur le sens d’une telle annonce. C’est que pendant que Jésus était occupé à les préparer pour l’épreuve qui approchait, les disciples se préoccupaient à s’assurer leurs dignités et primautés. Pendant que Jésus pensait à la croix inévitable et aux souffrances à venir, les disciples se disputaient entre eux sur l’honneur à atteindre à tout prix. Peu de fois ont été les disciples si loin de leur Maître ! Le Seigneur pensait à offrir sa vie et les serfs s’afféraient à devenir seigneurs ; les disciples s’entretenait à jouer aux princes, quand leur Maître, à leur coté, était en train de se jouer la vie. Comment pouvaient-ils comprendre ce que Jésus leur disait ? Comment n’allaient-ils pas ressentir peur de lui confesser leurs vrais intérêts ! Un Maître qui s’achemine vers la mort contredit l’envie de vivre de ses disciples. Un Seigneur qui marche en prêchant sa fin trafique entraîne ses disciples à la ruine ; ça ne devait pas leur paraître très digne de suivre le Christ s’il allait se livrer à ses ennemis. Ce Jésus devait leur combler de peur ; un Jésus qui savait qu’on allait lui arracher la vie : ils risquaient largement s’ils continuaient en leur compagnie !
Comme tant d’autres fois, ces disciples-là sont notre portrait. Comme eux nous n’arrivons pas, non plus, à comprendre un enseignement qui a la croix comme contenu et nous ne comprenons pas, non plus, un Maître qui marche sûr de sa destruction. Comme à eux, nous préoccupe plus notre propre sort que le sort de notre Seigneur et Maître. Et pendant qu’il nous propose le chemin parcouru par lui, nous continuons, comme les premiers disciples, comme n’importe quel autre disciple de Jésus, à nous illusionner avec les postes à occuper, ces postes que lui jamais n’atteignit, ou à faire tomber le confrère qui est arrivé là où nous n’avons pas pu. Les chrétiens ne comprenons pas le Christ, aujourd’hui comme hier, car nous n’acceptons pas de tout cœur qu’il continue à nous proposer un chemin qui inclue la croix, la vie qui nous est arrachée avec violence ou qui se nous échappe sans aucun sens. Les disciples de Jésus nous continuons à le craindre, marchant derrière lui sans le comprendre réellement, en prêtant plus d’attention aux désirs de notre cœur qu’au cœur de notre Maître. Ainsi nous continuons à nous rapetisser, en rêvant de privilèges et honneurs qui ne seront jamais à nous, et en les disputant à ceux qui les ont eus avant nous, en les grappillant, si le cas arrive, au confrère qui en jouit.
À cause de nous plaindre du manque d’honneurs et de privilèges, nous ne nous arrêtons pas de nous appauvrir, de nous sentir plus dépouillés. En pensant plus à avoir qu’à donner, nous grossissons notre faim de pouvoir et nous amoindrissons notre capacité de la satisfaire. Si nous pensions plus, par contre, à ce que nous avons déjà et que nous pouvons offrir aux autres (de notre temps, un sourire, de l’attention, nos meilleurs sentiments, la vie quotidienne, la vie simple et concrète, en un mot), nous pourrions nous considérer heureux. Alors, nous comprendrions mieux le Jésus que nous suivons et nous n’aurions plus d’inquiétude à le suivre de près. Plus qu’à ce qui nous manque nous devrions penser à comment nous manquons aux autres, quand nous gardons pour nous ce que nous avons déjà. Nous privons notre prochain de ce que Dieu a mis dans nos mains et dans nos cœurs et que l’autre ne l’a pas encore acquis.
Ce ne fut pas par hasard que Jésus présentât un petit enfant comme le modèle du meilleur disciple, celui qui lui était le plus proche : en le rapprochant du groupe des douze et en le plaçant au milieu d’eux, le Maître approcha à ses disciples, de forme tangible, la norme qu’il désirait pour régir leurs vies. L’enfant ne jouissait d’aucun privilège au temps de Jésus ; avec les veuves et les pauvres appartenait à cette sorte de groupes de personnes délaissées dans la société. Mais, pendant que les autres avaient déjà eu la possibilité de vivre librement, l’enfant dépendait totalement des autres pour survivre : il était réellement le dernier, le dernier dans la société et dans la famille. Et c’est Dans ce sens qu’il fut choisi comme exemple vif du disciple. Car il est quelqu’un qui pour survivre doit vivre en dépendance des autres, l’enfant est le modèle d’identification de tous ceux qui suivent Jésus. La communauté de disciples de Jésus a comme premier celui qui apparaît comme dernier, et le plus faible comme son meilleur modèle.
Cet enseignement de Jésus ne devrait pas être difficile à apprendre pour nous. Les disciples de Jésus vivons aujourd’hui dans une société qui se fatigue à vivre de mieux en mieux, où les gens se tuent durant toute l’année pour pouvoir jouir jusqu’au bord quelques jours de vacances. Les chrétiens vivent aujourd’hui dans un monde où c’est la prépotence qui commande, qui intronise comme héros celui qui arrive le premier et plus loin, sans se rendre compte de qu’il le fait fréquemment aux dépens d’autrui. . Nous vivons dans des sociétés qui vieillissent petit à petit, où les enfants, chaque fois plus fréquemment enlèvent -et s’enlèvent- la vie ; sociétés qui marginalisent ceux qui sont encore jeunes. Les disciples de Jésus doivent vivre dans un monde qui, pour ne plus écouter le Christ, est en train de perdre sa jeunesse et réduire son enfance. Et ceci n’est pas par hasard. Il se peut que parce que se sentir faible, c’est une honte ; parce que vivre en ayant besoin des autres, c’est un échec ; nous, les disciples du Christ, nous sommes en train de le comprendre chaque fois moins et de craindre chaque fois plus ses conseils.
Il nous faut, aujourd’hui comme hier, un fort courage pour vivre à contre-courant, si nous voulons vraiment durer dans notre monde comme disciples qui suivent un Maître qui marche consciemment vers sa fin, sa mort, qui n’est pas la fin. Le Christ en est la preuve ; l’offrande de sa vie pour nous fut le chemin pour arriver à Dieu. Aujourd’hui nous le savons mieux que les premiers disciples d’alors : La vie que l’on donne en faveur des autres, c’est une vie que l’on récupère à jamais. Ne vivre occupés qu’à survivre nous entraîne à la frustration et au désarroi. Vivons à nous dépenser pour les autres et nous serons alors dignes de notre Seigneur, qui mourut sur une croix et vit pour toujours. Ainsi nous aurons appris à vivre non seulement à son coté sinon comme lui.
[P. Txema Martínez, traducteur]

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