dimanche 9 septembre 2012

Réflexion pour le 23e dimanche du temps ordinaire B

23e dimanche ordinaire - B

photo du Père Allard

Réflexion sur l'évangile dominical par le Père Yvon-Michel Allard, s.v.d., directeur du Centre biblique des Missionnaires du Verbe Divin, Granby, QC, Canada. Nous publions sa réflexion une semaine à l'avance pour aider ceux qui se préparent à témoigner sur cet évangile.

Enseignants clandestins


Jésus redonne au pauvre sourd-muet la capacité d’écouter les autres et de prendre la parole. En réfléchissant sur cet évangile, l’abbé John Dane rappelait que ce handicap l’empêchait de participer aux coutumes et aux traditions de son peuple, car il ne comprenait pas ce qui se passait et il ne pouvait pas s’exprimer. Et Dane ajoute qu’il en est souvent ainsi pour plusieurs chrétiens dans notre monde moderne. Les pays dominants imposent leurs valeurs et leur langue, en empêchant ceux et celles des autres pays d’utiliser leur langage et de conserver leurs propres traditions. Il propose comme exemple l’Irlande au 16e et 17e siècle. Les envahisseurs anglais avaient défendu aux gens de parler leur langue, de transmettre leurs traditions, de célébrer leurs fêtes religieuses. Tout avait été mis en place pour que fonctionne à plein le «processus d’assimilation» à la langue et à la culture britannique.
professeurs clandestinsCe qui a sauvé la culture et la religion du peuple irlandais, ce sont les «hedge-school teachers», c’est-à-dire les enseignantes et les enseignants clandestins. Ces jeunes adultes allaient le long des sentiers des campagnes d’Irlande avec un ou deux adolescent(e)s, longeant les murs de pierre que l’on retrouve un peu partout en Irlande (d’où le nom de hedge-school teachers), et ils leur enseignaient, en cachette et de façon «illégale», la langue maternelle et les traditions ancestrales. Ils parlaient de leurs anciennes fêtes religieuses, du folklore irlandais, de la foi de leurs aïeux. C’est ainsi que la culture et la religion irlandaises, vieilles de plusieurs siècles, ont pu être conservées, malgré l’oppression des envahisseurs.professeurs clandestins
Aujourd’hui, des millions de chrétiens du 21e siècle, ont perdu leur langage ancestral, leurs fêtes religieuses, leurs traditions d’autrefois. Nous avons oublié notre héritage culturel et religieux. Nous sommes devenus sourds et muets face à nos traditions, comme l’homme de l’évangile d’aujourd’hui. Nous ne comprenons plus notre propre culture et ne pouvons plus l’expliquer à la génération montante.

Nous aussi aurions besoin de «hedge-school teachers», d’enseignants clandestins pour apprendre aux jeunes et aux moins jeunes le langage chrétien, les traditions religieuses et la culture de nos ancêtres. Bien sûr, les abus de pouvoir des dirigeants religieux doivent être condamnés, les gaffes du clergé corrigées, les fêtes et les traditions épurées, purifiées, nettoyées, mais l’essentiel reste valable et constitue une valeur sûre qui mérite d’être transmis.

Un peu comme le sourd qui avait de la difficulté à parler, la jeune génération ne sait plus parler la langue des ancêtres parce qu’elle s’est fait imposer le langage, les traditions, les coutumes de la culture dominante : ceux de la postmodernité, de la consommation effrénée, et de l’individualisme à outrance.

Nous avons perdu une bonne partie de notre langage religieux et la majorité de nos fêtes traditionnelles. Pensez seulement à ce qui est arrivé à la fête de Noël avec ses cartes de «Season’s greetings», et essayez d’y trouver un motif religieux… c’est maintenant devenu la fête du Père-Noël. La fête de Pâques est la fête des lapins de chocolat! La Saint Jean Baptiste, fête nationale des Canadiens français, n’a plus aucun lien avec la culture religieuse du passé! Et toutes les autres fêtes ont été remplacées par des célébrations de week-end prolongé!

Demandez aux jeunes ce qu’ils savent de la fête de l’épiphanie, de la présentation au temple, de la saint Jean Baptiste, de la fête de St-Pierre et St-Paul, de la fête de tous les saints?... Pour ce qui est de connaître le langage chrétien : le Notre Père, le sermon sur la montagne, les paraboles, les épisodes du vendredi saint, les commandements, etc. tout cela constitue un langage inconnu qui ne fait plus parti de l’apprentissage familial et scolaire.

Dans le monde d’aujourd’hui, ce n’est pas facile de vivre en chrétiens. La pression sociale est très forte. Une jeune fille qui n’a pas fait l’amour à dix-huit ans doit cacher ce fait comme si c’était honteux. Un jeune adulte est arriéré s’il n’a pas essayé la drogue. La violence à la tv, l’intimidation (bullying) à l’école, le sexe à volonté, l’obligation de réussir à tout prix, font parti de notre culture, dans une société de compétition effrénée. Un peu comme aux Irlandais du 16e et du 17e siècles, on nous oblige aujourd’hui à parler le langage du plus fort, de la civilisation dominante.

Nous les chrétiens devons réapprendre à écouter la parole de Dieu afin de comprendre son message et devenir nous aussi des enseignants clandestins. Nous pourrons alors transmettre aux jeunes notre langage, nos valeurs, nos traditions, parler de nos fêtes, même si elles ne sont plus soulignées dans les calendriers de la culture laïque, souffler à l’oreille des enfants l’histoire et la fierté de nos familles chrétiennes, leur présenter nos valeurs fondamentales.

La préparation à cette responsabilité vitale commence par nos rencontres eucharistiques. Nous apprenons à écouter la parole de Dieu et nous nous engageons à vivre de cette parole, à la partager avec d’autres. Le Seigneur peut ouvrir nos oreilles pour nous permettre de bien comprendre sa parole et nous donner le courage de proclamer son message. C’est le sens du miracle raconté dans l’évangile d’aujourd’hui.

Dans le temps de S. Marc, les chrétiens devaient faire face aux mêmes difficultés que nous. L’état romain, malgré sa tolérance apparente, était un état laïc et les gens qui, comme les premiers chrétiens, n’étaient pas conformes et ne faisaient pas le jeu des autorités en place, étaient poursuivies. Malgré ces menaces, les chrétiens se rassemblaient dans les maisons, le jour du Seigneur, transmettaient leurs valeurs, leur langage, leurs traditions aux plus jeunes. C’est grâce à cette transmission clandestine que la foi chrétienne est parvenue jusqu’à nous.

Il ne s’agit pas de rejeter la culture dans laquelle nous vivons mais de savoir y conserver nos valeurs, nos fêtes, notre langage et nos traditions, comme les premiers chrétiens l’ont fait dans l’empire romain. «Seigneur, ouvre nos oreilles pour comprendre ton message et délie notre langue pour savoir l’annoncer».


UNE DEUXIEME REFLEXION


Le message de ce 23ième dimanche du temps ordinaire de l’Église est un message de salut. Les textes liturgiques retenus pour la messe font tous écho à ce don de Dieu pour tous : « Voici votre Dieu… Il va vous sauver » (Is 35,  4). Le psaume 145 chante tous les aspects de ce salut (justice, libération, guérison, protection) et l’Évangile nous  rapporte la guérison d’un sourd-muet. Quant à Jésus dont le nom signifie « Dieu sauve », il  incarne le salut promis par Dieu à son peuple.

Pour nous aujourd’hui, l’actualisation du salut est célébrée dans les sacrements de l’Église ; en chaque sacrement, la promesse de Dieu en Jésus-Christ s’accomplit. Le Christ ouvre nos oreilles et nos coeurs à sa Parole, pour qu’à notre tour nous l’annoncions.

Les païens de la Décapole ne connaissaient pas l’Écriture et n’étaient pas  en attente du MESSIE comme les Juifs, mais Jésus parcourut leur pays pour leur donner la chance de le connaître.En la personne de ce sourd-muet, ils rencontrèrent le Christ. Jésus utilisa les procédés de la médecine de son temps pour préparer la foule au miracle qu’il va accomplir et aussi à le reconnaître.
 

Nous aussi plus que d’autres la chance de connaître Jésus, mais il arrive que nous demeurons sourds à sa PAROLE parce qu’elle nous dérange… L’ÉVANGILE est un peu comme l’alphabet, il ne peut y manquer une lettre sans que toute la structure du langage parlé ou écrit soit déséquilibrée… La PAROLE de Dieu forme un tout dont il ne nous est pas loisible d’enlever un mot, une syllabe… Nous aimerions parfois faire un choix : AIMER celui qui est aimable et qui nous aime, puis mettre de côté celui qui n’est pas aimable qui est agressif… Dans son Commandement d’AMOUR, Jésus englobe le monde entier en commençant par les plus proches.

Quand nous aurons expérimenté personnellement la force et la suavité de la PAROLE de Dieu, nous pourrons vraiment la faire goûter aux autres et leur en donner le désir. .
Chaque fois que Dieu a voulu communiquer avec l les hommes, il les a attirés dans le désert…,  lieu de silence, de jeûne, de privations… Loin de la foule et du bruit, nous pourrons nous mettre à l’écoute et mieux ouvrir notre cœur. Pour opérer dans les coeurs, Dieu crée une zone de solitude. Si nous avions un endroit bien à nous où nous pourrions nous retirer aux moments de tempête, la PAIX reviendrait vite.

Il n’y a pas pire sourd que celui qui ne veut pas entendre ! Ne sommes-nous pas souvent volontairement sourds aux appels du Christ, de l’Église, de nos frères ?

Il n’y a pas pire muet que celui qui ne veut pas parler, pourrions-nous dire aussi. Nous devons parler pour dénoncer l’injustice. Nous devons parler pour encourager telle personne. nous devons parler pour dire notre foi, mais souvent nous nous taisons par lâcheté…

Quand Jésus nous dit « Ouvre-toi », c’est pour nous ouvrir à la Parole de Dieu. Cette parole nous la découvrons en lisant la Bible. C’est dans notre vie de tous les jours et à travers les divers événements que Dieu nous parle. La Bible, l’Evangile nous donnent de pouvoir décoder le langage de Dieu à travers toutes les réalités de la vie. En cette année de la foi voulue par notre pape, nous prendrons le temps de nous nourrir de cette Parole de Dieu pour qu’elle transforme réellement notre vie. Elle nous est donnée pour que nous comprenions à quel point Dieu nous aime.   En ce jour, nous te supplions, Seigneur : Touche mes oreilles pour qu’elles entendent. Touche mes lèvres pour qu’elles proclament ta louange. Dans ton Eucharistie, le sacrement des sacrements, touche tout mon être, tout mon corps, pour que je vive par toi et pour toi. Amen

Jésus s’était avancé jusqu’aux limites septentrionales de la Galilée, où commençait le territoire de Tyr (verset 24) et où se passa la scène qui précède (Jésus guérit la fille d’une étrangère → Mc 7, 24-30).


Maintenant, au lieu de revenir sur ses pas, il fait un détour encore plus au nord, par Sidon, pour revenir vers le lac de Galilée, en franchissant le Liban dans la direction de Damas, puis en traversant la Décapole, une région païenne.
L’évangéliste Marc ne nous dit pas pourquoi Jésus choisit cette route, l’on ne peut faire à ce sujet que des suppositions, mais l’on est fondé à penser que, dans ce long voyage en pays païen, il put s’entretenir d’une manière suivie avec ses disciples.

Cette guérison d’un sourd-muet a donc eu lieu en terre païenne . Marc voit dans la guérison d’un païen le signe de la future mission de l’Église.

Ces païens sont « sourds » parce qu’ils n’ont pas entendu la révélation du vrai Dieu jusqu’alors réservée au peuple juif ; ils sont « muets » parce que leur prières ne sont que des balbutiements devant leurs idoles. En la personne de ce sourd-muet, ils rencontrent le Christ.

On  amena un sourd-muet à Jésus, et on le pria de poser la main sur lui (verset 32). Jésus utilisa les procédés de la médecine d’alors et il commanda : « Ouvre-toi ! » (verset 34)

La guérison de l’homme sourd lui permet d’entendre la bonne nouvelle proclamée par Jésus-Christ. Le fait qu’il recouvre la parole lui permet de proclamer aux autres ce qu’il a vu et entendu.

Devant ce miracle la foule s’empressa de proclamer la Bonne Nouvelle du Christ, venu aussi pour les païens. (versets 36 et 37)

Il n’y a pas de pire sourdes que  les personnes qui ne veulent pas entendre !   Ne sommes -nous  pas parfois de celles-là… en étant volontairement sourds aux appels du Christ, de l’Église, de nos frères ?

Il n’y a pas pire muettes que les personnes qui ne veulent pas parler, pourrait-on dire aussi. Il faut oser parler pour dénoncer les injustices, pour oser dire sa foi en Dieu.

Tout comme le sourd du récit, nous avons du mal à entendre, et donc nous aurons  certainement  du mal à parler. Nous devons écouter Dieu dans la prière.
Quand Jésus te dit « Ouvre-toi ! », il ne s’adresse pas seulement à tes oreilles et à tes yeux, mais à toute ta personne, et surtout à ton cœur. Il t’invite à accepter sa grâce et son plan pour toi.

 ♥ Dans ta prière, demandons à Jésus de  t’ouvrir tes oreilles et tes lèvres, pour qu’après avoir entendu la Bonne Nouvelle de l’Évangile, tu aies  le courage de l’annoncer dans ton  entourage.
Jésus nous demande d’écouter sa Parole pour qu’elle nous nourrisse et puisse agir en nous.

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